Selon un responsable du gouvernorat de Kidal, un véhicule bourré d'explosifs a foncé sur la Banque malienne de solidarité (BMS) gardée par des soldats maliens et d'autres pays africains de la force de l'ONU au Mali, la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation au Mali (Minusma). «Pour le moment, nous comptons au moins deux morts et plusieurs blessés parmi les troupes africaines de la Minusma», a déclaré une source de la force de l'ONU. Un attentat à la veille des élections Cet attentat survient à la veille du second tour des élections législatives qui doivent permettre le retour à l'ordre constitutionnel au Mali, interrompu par un coup d'Etat qui, en mars 2012, a semé le chaos dans le pays et précipité la chute du Nord aux mains de groupes djihadistes. A Kidal, fief des Touareg et de leur rébellion, le Mouvement national de libération de l'Azawad (MNLA), il n'y aura pas de scrutin car les quatre députés de cette ville et de sa région située à 1500 km au nord-est de Bamako, ont été élus dès le premier tour du 24 novembre. Parmi eux figurent deux anciens rebelles touareg ayant rejoint le parti du président Ibrahim Boubacar Keita, élu en août. L'attentat de Kidal s'est produit au moment où l'armée française, qui intervient au Mali depuis presque un an pour traquer les groupes islamistes armés, mène depuis plusieurs jours une grande opération contre Al Qaîda au Maghreb islamique (AQMI) au nord de Tombouctou, une région devenue le refuge des terroristes et trafiquants de drogue. Kidal est censée être contrôlée par les forces de l'ONU, les soldats français et les Maliens. La situation est loin d'être maîtrisée. Des éléments de nombreux groupes armés continuent à circuler, dont ceux d'AQMI, qui a revendiqué l'enlèvement et le meurtre, le 2 novembre, de deux journalistes français. Le MNLA et le pouvoir central de Bamako entretiennent des rapports de tension. Des incidents éclatent entre les Touareg et les soldats maliens présents à Kidal. Instabilité Pays d'Afrique de l'Ouest, ancienne colonie française, le Mali a accédé à l'indépendance en 1960. A l'exemple de la plupart des pays africains, l'histoire du Mali est marquée par des coups d'Etat. Ainsi,le 19 novembre 1968, un coup d'Etat militaire dirigé par quatorze officiers, dont le lieutenant Moussa Traoré, renverse Modibo Keïta, au pouvoir depuis l'indépendance en 1960 et met en place un Comité militaire de libération nationale (CMLN). Traoré cumule les fonctions de président du CMLN, de chef de l'Etat et de gouvernement. Quant à Modibo Keïta, il meurt en détention, à Bamako, en 1977, dans des circonstances suspectes. D'après la version officielle, il aurait succombé à un œdème pulmonaire. Durant son règne, Moussa Traoré a réduit toutes les libertés. En 1978, il fait arrêter son ministre de la Défense, Kitimat Dou Kara, qu'il accuse se planifier un coup d'Etat pour le renverser. L'année suivante, il crée l'Union démocratique du peuple malien (UDPM), parti unique, et des organisations de masse satellites de son parti. En 1980, il est confronté aux manifestations des étudiants dont le leader, Abdoul Karim Camara, est mort en mars de la même année sous la torture. Promu général en 1983, il est renversé le 26 mars 1991 lors d'un coup d'Etat militaire précédé d'un soulèvement populaire. Un Comité de transition pour le salut du peuple (CTSP), présidé par Amadou Toumani Touré est chargé de diriger le pays. Après une conférence nationale qui adopte un projet de Constitution instaurant le multipartisme et un système présidentiel, Amadou Toumani Touré remet le pouvoir à un régime civil. En 1992, Alpha Oumar Konaré est élu Président à l'issue des premières élections démocratiques de l'histoire du Mali. Moussa Traoré est condamné à mort en 1993 pour «crimes de sang» puis en 1999 pour «crimes économiques» ; il est gracié en 2002. Le 12 mai 2002, Amadou Toumani Touré retrouve le pouvoir en remportant le second tour de l'élection présidentielle. Alpha Oumar Konaré est réélu en 1997. Il ne s'est pas représenté, respectant en cela les termes de la Constitution limitant à deux le nombre de mandats à la magistrature suprême. Attitude saluée par la communauté internationale, qui voit en l'expérience de la démocratie malienne un exemple à suivre pour beaucoup de pays africains, habitués aux pronunciamientos pour prendre le pouvoir. En mars 2012, le capitaine Sanofi renverse le président Amadou Toumani Touré. Les militaires l'accusent d'incompétence dans la lutte contre la rébellion touareg et les groupes islamistes dans le nord du pays.