Les guerres, c'est connu, on sait quand est-ce qu'elles commencent, mais jamais quand est-ce qu'elles prennent fin, ni surtout comment. Le président américain, Barack Obama, en est parfaitement conscient, lui qui affiche sa détermination à « finir le boulot » en Afghanistan comme il le dit, mais sans jamais céder ni sur les moyens ni sur les objectifs. Plus précisément, il entend assumer pleinement son statut de commandant en chef des forces armées américaines et, en cela, rétablir pleinement la relation constitutionnelle liant le politique au militaire. Toute l'Amérique a en tête l'aventure vietnamienne lors de laquelle les renforts demandés et obtenus par la hiérarchie militaire n'ont pas abrégé cette guerre, ou encore réduit les pertes américaines et le crédit des Etats-Unis à travers le monde. Plus que cela, pour l'Amérique réduite à compter ses sous en raison de la crise, la guerre en Afghanistan est d'autant plus impopulaire, qu'elle coûte cher au contribuable. Et parce qu'il faut finir le boulot, selon l'expression officielle, il en est même qui envisagent un impôt spécial appelé « loi de partage du sacrifice » pour financer un éventuel envoi de renforts tel que demandé par le commandement américain sur le terrain. En termes financiers, cette guerre devrait coûter annuellement 68 milliards de dollars, amenant la présidente de la Chambre à se demander si l'Amérique « a les moyens pour cette guerre ». Reste maintenant à savoir pour quel objectif, car telle qu'elle est menée actuellement, elle conduisait tout droit vers l'enlisement et le retour des talibans qui avaient été chassés du pouvoir en 2001. Entre cette première date et aujourd'hui, la situation à vrai dire n'a jamais été stabilisée puisque l'essentiel du territoire afghan échappe au contrôle du pouvoir central et de la coalition internationale. Les uns et les autres se sont même laissés aller à suggérer sinon souhaiter des négociations avec des talibans dits modérés, mais ces derniers sûrs d'être aux portes du pouvoir refusent toute négociation. Détermination des uns face à l'obstination des autres, mais tout consiste pour les Américains à éviter ce que un de leurs généraux a appelé « le chaos sistan », ou plus simplement l'échec dont on refuse dans l'Administration américaine d'en admettre l'éventualité, au regard de ses implications aussi bien pour l'Amérique que pour les objectifs qu'elle déclare poursuivre à travers cette guerre. C'est sur cette probabilité qu'insiste la hiérarchie militaire pour obtenir les renforts qu'elle revendique. C'est sur cette question que Barack Obama doit trancher. Mais loin de toute pression. Il a déjà fait savoir qu'il n'est pas question de réduire les effectifs. Ou encore que l'engagement en Afghanistan n'est pas illimité. Trop peu pour décrire une stratégie, mais le débat semble ardu, et l'enlisement n'est jamais la moindre des hypothèses. Le Vietnam, ce n'est pas de l'histoire ancienne. Des générations d'Américains en ont été marquées. Et le monde tout autant.