Nous sommes les filles, nous sommes légion, nous sommes le million et mille qui hantent l'université. Nous avons été calomniées. Et pourtant, nous sommes d'honorables algériennes, et quoi de plus honorable que la quête du savoir, loin des siens, souvent dans des conditions difficiles, nous sommes les porteuses du fardeau sur le sentier d'un avenir plus clément pour les nouvelles générations, que nous «porterons» également, auquel nous espérons inculquer la bonne éducation et transmettre le savoir. Nous avons été diffamées, et le préjudice est énorme, notre image est salie, Dieu sait pour combien de temps encore car dans l'inconscient des esprits simples, les raccourcis sont une pensée facile et apaisante et souvent un exutoire de frustrations enfouies qui n'attend qu'un pauvre et faible souffre-douleur. Dimanche dernier, j'ai assisté à une scène ignoble : devant la résidence, de jeunes collégiens «innocents» faisaient tomber une pluie de projectiles en direction des fenêtres des filles. J'accuse celui qui nous a jeté la première pierre, mais je ne me contenterai pas de lamentations derrière ma fenêtre close. J'accuse et je porte plainte. Le titre du reportage : «De demandeuses de savoir à vendeuses de charmes» est explicite ; toute «étudiante» inscrite, toujours en cours de cursus est en position de réclamer réparation devant la justice. J'appelle toutes, je dis bien toutes, les étudiantes à se regrouper, mener une action en justice commune et exiger de fortes amendes et dommages et intérêts pour leur soutirer jusqu'au dernier sou et les condamner à la banqueroute. Nous réussirons à faire taire à jamais cette presse jaune qui souille l'honneur du journalisme en Algérie. Si nous faisons valoir les arguments du progressisme et faisons valoir les lois de la République, nos protagonistes qui instrumentalisent honteusement la religion ne sauront pas nous accuser de laïques, ni nous apposer d'autres étiquettes pour nous jeter l'anathème, car c'est bien eux qui ont commis le péché de «calomnier les femmes honorables». Alors, qu'ils apportent leurs témoins et qu'ils répondent devant une cour de justice. Nous vous ferons payer «le prix», car nous sommes dans notre bon droit et nous sommes légion.