Parmi les personnes présentes, on cite Abdellilah Ahmed El Jijeli, chargé par Abdelmalek Droukdel des relations extérieures, tous les émirs de Ansar Charia Libye dont Ali Ezzahaoui et Nacer Atarchaoui et des représentant des shebab somaliens. Cette réunion a été décidée suite aux dissidences survenues entre Ansar Al Charia Libye et AQMI. Abdelmalek Droukdel avait, dans un communiqué, critiqué ouvertement les transferts de djihadistes maghrébins, aidés par les Libyens, vers la Syrie. Ansar Al Charia Libye, à Darna et à Benghazi, avait alors menacé d'arrêter les convois d'armement vers la Syrie. La discorde portait également sur les priorités à accorder au djihad. Les djihadistes libyens, qui contrôlent une bonne partie de l'arsenal d'El Gueddafi et d'importantes sommes d'argent récupérées dans les caisses de l'ex-dirigeant libyen, pensent que la priorité est de se débarrasser du régime d'El Assad. Pendant que Droukdel estime que le soutien apporté à Jabhat Al Nosra en Syrie s'est fait au détriment de la lutte contre «la croisade au nord du Mali». Coordination Pour le chef d'AQMI, ne pas avoir soutenu les djihadistes au nord du Mali a facilité l'avancée et le contrôle des forces françaises dans la région, empêchant aussi les djihadistes de causer des pertes importantes. Les premiers contacts entre Ansar Al Charia Libye et Droukdel ont été établis en juillet. A cette époque, Ayman Al Zawahiri, le successeur de Ben Laden, avait, à travers des messages et des envois d'émissaires au Sahel et en Libye, demandé de régler les problèmes accumulés entre AQMI et Mokhtar Belmokhtar d'un côté, et AQMI et Jabhat Al Nosra, de l'autre. Les premiers renseignements autour de cette réunion de coordination ont filtré en Tunisie après l'arrestation d'un terroriste en novembre. D'autres indices indiquent que les services secrets français étaient au courant de cette réunion en Libye sans avoir réussi à obtenir de date ni le lieu précis de la rencontre. D'autres informations proviennent des services secrets syriens qui ont alerté certains de leurs homologues occidentaux avec lesquels ils commencent à travailler étroitement. Ils leur auraient présenté des informations très précises deux semaines après la réunion. Que sait-on aujourd'hui ? Au cours de cette réunion, Abdelmalek Droukdel a essayé, à travers son représentant, d'arracher une déclaration commune à tous les groupes salafistes nord-africains en faveur d'une guerre sainte contre les intérêts français. Mais le fait qu'aucun communiqué commun n'ait été publié quatre mois après cette réunion laisse entendre que cette tentative a échoué. La rencontre s'est conclue par la signature d'une charte entre Mokhtar Belmokhtar, AQMI, Ansar Charia Libye et Ansar Charia Tunisie, garantissant un soutien aux groupes djihadistes en Syrie et au nord du Mali, engageant les différents groupes à ne pas se critiquer à travers des communiqués et à maintenir des contacts réguliers.