C'est l'histoire d'un mec. Cinéphile de son état. Il aime les mots et promène «hasta siempre» sa longue carcasse de Kabyle féru de plans et de mélodies. D'abord réalisateur pour la télévision. Puis auteur d'un court métrage. Le premier film en langue amazighe. Il l'appellera La Fin des Djinns. Ensuite, un long. Son premier, qui travestit la fiction et lui donne une élégante langue de vipère. Ce sera L'Héroïne. Le récit ? On le connaît. On le subit. On le respire. Depuis plus de 25 ans. C'est l'Algérie et ses chimères, ses «terro», ses familles détruites et sa culture ensevelie. Il paraît qu'aujourd'hui, certain(e)s relèvent la tête. Parmi eux, des artistes, des cinéastes. Pourquoi pas ? A condition que ces films aient une résonance avec 2013. Que l'on n'ait pas l'impression que l'horloge s'est arrêtée en 1988 et que le cinéma devienne du marchandisage. Aggoune, malheureusement, a du mal à éviter ce travestissement. On tremble avec ce personnage-titre, sorte de mère courage à l'algérienne, on craint énormément de choses dont celles de ne plus voir du cinéma dans la mise en propos (très) didactique du cinéaste. Sa transparence, son honnêteté, et tout le charabia des bons sentiments s'annulent devant l'implacable sens d'une mise en scène. L'Héroïne ne décolle jamais. On lui préférera Jours d'avant, de Karim Moussaoui, réalisé la même année, car le présent, ici, alimente notre imaginaire.