Moneim Adwan est un luthiste palestinien. Il vient de rendre un hommage appuyé au grand poète, Mahmoud Darwich, en reprenant ses textes musicalement. Vous venez de vous produire en Algérie. Quelle est votre première impression ? J'ai été heureux de me retouver en Algérie. Le peuple algérien a toujours été hospitalier et agréable. La révolution palestinienne est le prolongement de celle algérienne de 1954. Un symbole ! Un phare pour le navire palestinien. On est content et ravi de venir en Algérie. Vous rendez hommage au prince des poètes, le ménestrel palestinien, Mahmoud Darwich... Depuis longtemps, je suis ébloui, obnubilé par Mahmoud Darwich. J'adore Mahmoud Darwich ! Je me considère dans une belle et formidable aventure que de mettre en musique la profonde et céleste poésie de Mahmoud Darwich. Entrer dans l'univers de Mahmoud Darwich, une aventure. Aussi, j'ai eu l'audace d'habiller les textes de Mahmoud Darwich. Pour moi, c'est une aventure artistique. Et jouer la poésie Adjmal Hob (Les plus belles amours), un insigne honneur. Et puis, cette nouvelle expérience poétique, lyrique et musicale a été étrennée en Algérie. Un autre grand honneur ! Un exercice de style différent... Oui, je me suis imposé la difficulté. Passer à la barre au-dessus. Un défi ! La composition musicale et le chant parent le texte. Cependant, de par une approche inédite. Et ce, pour remercier Mahmoud Darwich. Mais pour vous dire, c'était un projet avec le concours de Mahmoud Darwich à Aix-en-Provence, en France. Mais il est parti prématurément ! Ce concert dédié au legs de Mahmoud Darwich et à la Palestine est un prélude à un nouvel album... Oui, c'est une initiative pour un nouvel album. Cette expérience portant sur la poésie de Mahmoud Darwich a impulsé ma passion. J'essaie d'offrir une œuvre positive et universelle de Mahmoud Darwich au monde. Nous sommes débiteures à Mahmoud Darwich pour tout ce qu'il nous a donnés. Mahmoud Darwich est un messager de poésie. Vous êtes affecté par la mort de Mahmoud Darwich... Après Al Moutanabi, il y a Mahmoud Darwich. C'est une grosse perte pour la littérature et la poésie arabes.Il a innové à travers une prosodie, rhétorique et autres allégories nouvelles. Sa poésie est une symphonie, un film, un tableau. Et puis, Mahmoud Darwich est aérien et introverti, d'où Al houroub a dakhal (la fuite à l'intérieur). El Qods est la capitale culturelle panarabe... C'est comment permettre que le rêve devienne réalité. Vous savez, on ne peut pas prier à El Qods. On ne peut entrer à El Qods que par vidéo-conférence, tant que tu es cet arabe ! Et Ghaza... Ghaza renaît et se réinvente tous les jours. Malgré la souffrance, on ne perd pas cet humour. Un moteur ! Une leçon d'espérance ! Il s'agit d'embargo et d'incarcération du peuple palestinien. Il existe un cri assourdissant dans chaque âme. Tous les jours éclôt un peintre, un réalisateur, un écrivain, un poète, un chanteur... Tous les jours naît un artiste. Le but d'Israël est l'extinction de l'identité palestinienne.