Des protestataires ont eu recours à la fermeture de la RN 01, au niveau de l'axe routier névralgique reliant Berrouaghia à Ksar El Boukhari. Le mouvement de protestation des non-bénéficiaires de logements sociaux dans les daïras de Médéa et de Berrouaghia continue de faire l'actualité dans ces deux régions du Titteri. En effet, après l'ambiance de fête qui a caractérisé la ville des Asphodèles et la capitale du Titteri, au lendemain de la qualification de l'équipe nationale de football au Mondial, faisant oublier à ses habitants les nombreux problèmes de leur quotidien, l'insouciance et la joie ne sont plus au rendez-vous depuis l'affichage, juste à la veille de l'Aïd El Kebir, des listes comportant les bénéficiaires de logements sociaux. D'ailleurs, le choix de cette date ne semble pas être fortuit, puisque les autorités locales pensaient, sans doute, que la coïncidence de l'affichage des listes en question avec la fête religieuse contribuerait à l'apaisement des tensions. Toutefois, cela n'a pas empêché les nombreux protestataires d'exprimer leur indignation et leur révolte. Dimanche dernier, les protestataires, au niveau de la ville des Asphodèles, ont eu recours à la fermeture de la RN 01, au niveau de l'axe routier névralgique reliant Berrouaghia à Ksar El Boukhari, ce qui a provoqué une grave perturbation de la circulation routière sur cet axe. Ils ont réclamé l'implication du wali de Médéa afin qu'il annule la liste affichée la veille de l'Aïd El Kebir, comportant 400 bénéficiaires de logements qui est considérée, par les protestataires, comme étant « la liste de la honte ». D'après eux, plusieurs bénéficiaires ne devraient pas bénéficier d'un logement social, vu leur âge ou leur statut social. Certains évoquent même un cas de suicide d'un non-bénéficiaire. Ce dernier aurait mis fin à ses jours lorsqu'il n'a pas vu son nom figurer sur la fameuse liste tant attendue par de nombreux citoyens, qui sont dans le besoin. Cette information n'est toutefois pas encore confirmée par une source officielle. « Cela fait plus de 20 ans que j'attends un logement social, mais en vain. Marié et ayant trois enfants à ma charge, je continue toujours à partager, dans la promiscuité la plus totale, le même toit avec ma belle famille », nous dira avec beaucoup de regret, un contestataire. Aller jusqu'au bout… Ce dernier n'arrive toujours pas à comprendre les raisons de sa mise à l'écart à chaque opération de distribution de logements, alors que de jeunes célibataires, âgés de moins de 25 ans, ont eu le privilège de bénéficier d'un logement social lors de l'affichage de la dernière liste. Les contestataires, de la liste en question, veulent aller jusqu'au bout pour que cette dernière soit, tout simplement annulée et pour que ceux qui en ont vraiment droit en soient les bénéficiaires. Ils ont décidé de continuer ainsi à organiser des sit-in devant le siège de la daïra de Berrouaghia jusqu'au jour où ils obtiendront gain de cause. Heureusement que les agents de l'ordre n'interviennent qu'au moment opportun, afin que tout cela se fasse dans le calme en évitant les dérapages. « Les pouvoirs publics ont, depuis quelques années, chargé les commissions de daïras d'établir la liste des bénéficiaires de logements à la place des commissions des APC. Finalement, les résultats sont les mêmes, puisque c'est toujours les gens pistonnés qui arrivent à bénéficier d'un toit, alors que les vrais nécessiteux demeurent toujours ignorés et n'arrivent même pas à exposer leurs préoccupations aux hauts responsables », dira, pour sa part, révolté, un autre protestataire. A 25 km au nord de Berrouaghia, le chef-lieu de la wilaya de Médéa vit aussi au rythme des contestations. Là aussi, l'affichage des listes des bénéficiaires de logements sociaux n'a pas laissé indifférent un nombre important de citoyens, lesquels continuent à exprimer publiquement leur mécontentement devant le siège de la wilaya de Médéa. Depuis une semaine déjà, ils continuent d'exiger l'annulation pure et simple des listes affichées de 400 bénéficiaires de logements. En guise de protestation, ils ont carrément déchiré ces listes qui comporteraient, d'après leurs dires, des noms de personnes matériellement aisées, mais qui ont pu se procurer un logement social grâce à leur relation privilégiée avec les autorités locales. « Des étudiants ayant moins de 25 ans, qui se retrouvent avec un logement social, ou des gens qui n'ouvrent pas droit à ce genre de logements, mais qui ont pu l'avoir grâce à des prête-noms, cela est inadmissible et nécessite des enquêtes approfondies », n'ont cessé d'insister les protestataires.