Si l'extrême droite se réjouit publiquement, la droite au pouvoir cache mal son ambiguïté, élections régionales obligent. L'opposition dénonce comme une manœuvre électoraliste. De notre correspondant à Paris En attendant que son muezzin siffle la fin de la partie, ou la partition à suivre, l'UMP est gagnée par la cacophonie dans un climat préélectoral suffoquant pour les étrangers. Mais des responsables politiques français ont estimé que la France pourrait ou devrait prendre exemple sur la Suisse. Le secrétaire général du parti majoritaire, Xavier Bertrand, juge qu'on n'avait pas « forcément besoin » des minarets en France. Le porte-parole adjoint de l'UMP, Dominique Paillé, est allé plus loin dans cette logique. « Si les salles de prière sont évidemment tout à fait indispensables, il n'en va pas de même pour les minarets. Il faut pouvoir assumer ses convictions sans que cela blesse qui que ce soit et sans que cela transgresse le principe de laïcité », estime-t-il, faisant le distinguo entre les minarets et les clochers des églises catholiques qui sont « un héritage historique ». Le ministre centriste de la Défense joue à l'équilibriste et se fait géomètre : « Il appartient au maire, qui est responsable de l'urbanisme dans sa commune, d'avoir un débat avec les communautés musulmanes pour que ces lieux de culte décents ne heurtent pas les autres communautés et les autres religions. Il ne s'agit pas de construire des minarets qui soient aussi hauts que les cathédrales. » Le débat prend de la hauteur… Il ne spécifie pas les critères qui peuvent heurter les autres religions… Le Front national a le mérite de la clarté. Pour lui, ce vote est un signal envoyé aux « élites », qui doivent « cesser de nier les aspirations et les craintes de peuples européens (face) à des signes ostentatoires que veulent imposer des groupes politico-religieux musulmans, souvent à la limite de la provocation ». Rien que ça. L'opposition de gauche appelle à raison garder et à éviter les amalgames. Les Verts dénoncent l'avancée des idées xénophobes et islamophobes en Europe : « Tous les prétextes sont bons : débat sur la burqa, mariage gris, minarets, amalgame entre la sécurité et l'immigration, identité nationale pour faire peur et nourrir un sentiment de rejet contre certains immigrés ou européens issus de l'immigration venant de pays musulmans. » Le directeur du quotidien Libération, Laurent Joffrin, parle de peur irraisonnée de l'Islam : « Le vote suisse est un signal d'alerte pour l'Europe entière. Aucun gouvernement du continent n'a jusqu'à présent réglé de manière satisfaisante ses rapports avec la religion musulmane, qui fait pourtant partie intégrante du paysage européen. L'activisme intégriste, danger minoritaire mais réel, sert de prétexte au maintien hors les murs de croyants dont l'immense majorité ne demande qu'à vivre en paix dans la plus stricte légalité. Il n'existe sur ce point qu'une seule stratégie possible : favoriser, sur des bases laïques établies depuis longtemps, l'émergence d'un islam européen, dont les spécialistes voient déjà les prémices, fidèle à sa foi et acclimaté à la culture des droits de l'homme. La Suisse vient de lui tourner le dos, au grand bénéfice des intégristes de tous les bords. » Le député socialiste, Vincent Peillon, s'alarme du climat en France. « Cessons de jouer avec des concepts, avec des émotions mauvaises et dangereuses. N'animons pas la campagne des régionales avec des sujets qui n'ont rien à voir, comme l'identité nationale. »