Alors qu'ils n'attendaient rien de cette réunion, les syndicats autonomes semblent confortés par les résultats définitifs de la 13e tripartite. L'augmentation du SNMG à 15 000 DA et le recul sur la question de la retraite confirment, selon les représentants de ces organisations syndicales, l'inutilité de ce genre de négociations « préfabriquées ». En effet, les syndicalistes n'ont pas lésiné sur les qualificatifs pour désigner l'accord conclu, jeudi matin, par le trio UGTA-gouvernement-patronat. « La majoration du SNMG décidée, c'est de la poudre aux yeux », lance Meziane Meriane, coordinateur du Syndicat national des professeurs de l'enseignement secondaire et technique (Snapest). Interrogé hier sur les résultats de la tripartite, ce vieux routier du syndicalisme en Algérie, critique, arguments à l'appui, l'accord signé et les déclarations faites par le Premier ministre, Ahmed Ouyahia, à l'issue de ladite réunion. Ainsi, sur la question de l'augmentation du SNMG, Meziane Meriane estime que le fonctionnaire n'en bénéficie point. « Tant que les articles 87 et 87 bis de la loi 90-11 relatif au SNMG ne sont pas abrogés, les fonctionnaires ne gagneront rien de l'augmentation du SNMG. Aucun dinar de plus n'entrera dans les poches des travailleurs », précise-t-il. Les 3000 DA accordés sont, estime-t-il, dérisoires. « Une famille de 4 personnes pourra-t-elle vivre avec 15 000 DA ? », interroge-t-il. Le Snapest a, dans une étude réalisée récemment, conclu que le SNMG devrait être de 42 000 DA. « Ce n'est pas exagéré comme l'a affirmé le Premier ministre. Nous voulons que notre économie soit performante et productive, mais c'est au gouvernement et aux responsables de trouver des solutions pour atteindre cet objectif », atteste-t-il. « La réforme de la retraite : une régression » Même son de cloche chez le premier responsable du Cnapest. Selon le porte-parole de ce syndicat, Nouar Larbi, cette augmentation ne « concernera pas tout les travailleurs, comme l'a affirmé Ahmed Ouyahia ». « Ce sont les hauts cadres de l'Etat qui vont en bénéficier davantage. Car eux, ils ont des salaires indexés sur le SNMG et qui devront être augmentés en conséquence », explique-t-il. Un SNMG digne, enchaîne-t-il, ne devrait pas descendre au-dessous de la barre des 32 000 DA. « Une étude réalisée par le Cnapest a relevé que pour une famille de 4 personnes, il faudrait un salaire minimum de 32 000 à 34 000 DA », ajoute-t-il. Sur le même ton, Idir Achour, secrétaire général du Conseil des lycées d'Algérie (CLA) soutient que la tripartite n'a pas dérogé à la règle : « Elle n'a pas dérogé à la règle et elle a été fidèle à son rôle de dévalorisation des fonctionnaires algériens », dit-il. La revalorisation du SNMG, enchaîne-t-il, confirme encore une fois que l'Algérie ne dispose pas encore d'une politique salariale. « Normalement, dans ce genre de négociations, les syndicats devraient poser la question du coût de la vie et le gouvernement exposer les ressources financières du pays. Ce qui n'a pas été fait. Aujourd'hui, Ahmed Ouyahia dit que le pays n'a pas de ressources financières. Et c'est lui-même qui a affirmé auparavant que le pays connaît une aisance financière. Nous voulons savoir où est la part de vérité dans tout cela », commente-t-il, en estimant que le SNMG ne devrait pas être inférieur à 40 000 DA. Revenant sur le sujet de l'annulation du départ à la retraite sans limitation d'âge, le représentant du CLA qualifie cette décision de véritable régression. « La question de la retraite devrait être étudiée selon les métiers et les secteurs d'activité. Il y a des métiers qu'on ne peut pas exercer au-delà de 20 ans », note-t-il. Pour sa part, Nouar Larbi réitère la demande du Cnapest de réduire l'âge du départ à la retraite pour les enseignants à 25 ans de service. Selon lui, pour compenser le déficit de la Caisse nationale des retraites, le gouvernement doit exercer son rôle de contrôle sur le marché du travail pour obliger les nombreux employeurs privés à déclarer leurs employés.