Les éleveurs de la commune de Timizart, organisés en association pour le développement de l'agriculture (ADA), ont tenu hier une conférence de presse au siège de l'UNPA (Union nationale des paysans algériens) dans la ville de Tizi Ouzou pour annoncer qu'ils observeront une grève demain, mardi, et après-demain. Durant ces deux journées de protestation, les conférenciers ont annoncé que le lait cru ne sera pas livré aux laiteries en activité dans la wilaya. Cette grève a été décidée après des préavis et «l'appel au secours» lancés aux termes d'une assemblée générale tenue par les éleveurs le 28 février dernier à Souk El Had, chef-lieu communal de Timizart, à 30 km au nord-est de Tizi Ouzou. Cette réunion a vu la participation de délégations d'éleveurs et producteurs de lait venues de plusieurs régions de la wilaya (Aïn El Hammam, Maâtkas, Tizi Rached, Iflissen, Ouaguenoun…). Pas moins de 780 signataires, notamment des producteurs de lait cru et de viande rouge, ont été enregistrées à cette occasion. Ce collectif d'éleveurs a reçu également des appels de soutien de la part de leurs homologues d'autres wilayas voisines pour toutes leurs actions à mener en vue d'obtenir satisfaction à leurs légitimes revendications et permettre ainsi de sauver cette activité, son développement et l'épanouissement de l'agriculture en général dans notre pays, ont signalé les conférenciers. Les 600 éleveurs de Timizart n Sidi Mançour qui comptent un cheptel global de 5.400 têtes de vaches laitières, dépassent largement la production de 65.000 litres/jour, ont indiqué les conférenciers. Dénonçant le silence des autorités face à une telle détresse, les signataires de «l'appel aux secours» ont énuméré leurs doléances en soulignant la nécessité de porter le prix de vente du lait cru à 60 DA/le litre au lieu de 34 DA, de la subvention de l'Etat à 30 DA/litre au lieu de 12 DA, de subventionner les prix de l'aliment de bétail en veillant sur le rapport qualité/prix, d'installer un laboratoire de contrôle local de la qualité et de fixer le prix du «son gros», produit en meunerie. Celui-ci revient aujourd'hui, à cause du monopole, à 3.700 DA le quintal pour les éleveurs, rappellent-ils en demandant également à subventionner les prix de semences des fourrages en raison de l'insuffisance de cet aliment dans la région où les hivers sont rudes et les pâturages rares, de rendre les engrais disponibles et faciliter leur acquisition, revoir les assurances en tenant en compte des maladies contagieuses, notamment la brucellose et la tuberculose, jusque-là écartées dans les closes de la CRMA (Caisse régionale de la mutualité agricole), alors qu'aucun contrôle vétérinaire n'est réalisé au port par les importateurs. Les conférenciers ont suggéré en outre de revoir la méthode de paiement du lait par les laiteries aux producteurs et de réglementer les prix des viandes rouges. Ils signalent que l'éleveur est lésé outrageusement et rentre donc difficilement dans ses frais, lorsqu'on sait qu'il vend sa bête au boucher au prix fixe de 700 DA le kilo, tout en cédant gracieusement les abats (foies, cœurs, têtes, pieds, tripes…). Ces derniers sont ensuite vendus au consommateur, tels que le foie ou le cœur, à pas moins de 1.600 DA le kilo, tandis que les autres viandes sont cédées à plus de 900 DA le kg. En outre, l'assurance d'une vache laitière dont le prix est de 260.000 DA, revient à 18.000 DA/tête, en plus de l'insémination qui coûte 2.600 DA/l'injection. Où sont donc les services de régulation des prix ? se sont demandé les conférenciers. Des responsables à la Direction de wilaya des services agricoles (DSA) indiquent que les prérogatives de cette direction sont limitées, d'où l'impossibilité, pour elle, d'intervenir concernant l'augmentation du prix du lait cru. Pour ce qui est des inséminations, celles-ci sont prises en charge par l'Etat et l'éleveur paie uniquement les frais de déplacement du spécialiste de ces opérations, déclare-t-on aux services agricoles. La DSA offre aussi des aides en matériel à traire, par exemple. Pour ce qui est de la flambée des prix de l'aliment du bétail, la solution ne pourrait venir que du ministère de l'Agriculture, estime la DSA.