Dans un communiqué de presse rendu public hier, le FCE annonce qu'il «soutient le programme de Monsieur Abdelaziz Bouteflika et exprime sa volonté à demeurer mobilisé aux côtés des pouvoirs publics, comme il l'a toujours été jusqu'ici, pour contribuer positivement aux efforts d'édification d›une économie performante, prospère et solidaire». Position adoptée lors d'une réunion à l'hôtel El Aurassi, à Alger. Mais alors que des rumeurs évoquent des conditions de vote inhabituelles, Nassim Kerdjoudj, vice-président du FCE, a démenti : «Nous avons voté à l'unanimité notre soutien au Président-candidat Abdelaziz Bouteflika. Personne n'a quitté l'assemblée.» Mouhamed Bairi, de son côté, soutient que lors de la séance, «130 personnes étaient présentes et il y avait une vingtaine de procurations sur les 300 membres du FCE. Au cours de l'assemblée, la question concernant le mode de vote a été posée : le choix entre vote à bulletin secret et vote à main levée. Cette question a été tranchée par un vote à main levée et nous y avons procédé». Il ajoute : «C'était la troisième fois que l'assemblée générale extraordinaire était convoquée pour prendre une décision. Par conséquent, nous n'étions pas astreints au quorum.» La lettre d'Ali Benflis, qui appelait à la neutralité du FCE, n'a pas été lue au cours de la séance, tout simplement car elle n'était pas à l'ordre du jour. Selon Mohamed Laïd Benamor (PDG du gourpe Benamor) et El Tayeb Zraïmi, (PDG du goupe SIM) présents également ce matin, «personne n'a quitté les lieux au moment du vote». Par contre, un membre du FCE présent à la session extraordinaire dénonce «un coup de force». Selon lui, «l'assemblée extraordinaire n'a pas respecté les statuts. La lettre d'Ali Benflis a fait basculer les choses. Dans les couloirs de l'hôtel, tous les membres du FCE ne parlaient que de cette missive». D'habitude, une assemblée générale commence avec le discours du président, puis un débat a lieu et se termine avec le vote des membres. Le déroulement de la séance ne semble pas avoir respecté ce cheminement. «Tout d'abord, l'ordre du jour a été modifié durant la séance et des questions ont été ajoutées», ajoute-t-il. Rumeurs La convocation envoyée aux chefs d'entreprises stipulait : «Ce rendez-vous est important et je vous invite tous à y participer afin d'aboutir à une décision représentative de la majorité des membres qui sera traduite dans l'urne, concernant le positionnement du Forum des chefs d'Entreprises sur son implication dans les échéances électorales.» La question suivante a été ajoutée lors de la séance : «Est-ce que vous êtes pour le renouvellement du soutien à Abdelaziz Bouteflika ?» Ce patron pointe d'autres irrégularités : «Le vote devait être “traduit dans l'urne“. Or il a été décidé d'un vote à main levée. Les urnes et les enveloppes qui étaient exposées dans la salle ont disparu.» Le témoin assure : «La rumeur d'un vote à main levée dans les couloirs a fait fuir des membres du FCE et d'autres étaient sortis dans le hall pour boire un café. C'est à ce moment-là que le vote a eu lieu. En deux minutes. Nous avons entendu des applaudissements sortir de la salle et on a compris que le vote était plié.» Selon lui, il y avait sur place 40 personnes présentes et 55 procurations, ce qui est contraire au règlement, car le nombre de procuration est supérieur au nombre de personnes présentes. «Ces décisions ont été prises par les pro-Bouteflika. Au début de la réunion, plusieurs se sont réunis en “conclave“ pour prendre ces décisions et procéder au vote. C'est eux qui ont bafoué les statuts et le président, partisan, a préféré se taire. Un conclave composé entre autres de Ali Haddad, Réda Hamiani, Brahim Abdessalem, Mohamed Bairi, El Tayeb Zraimi, Mohamed Laïd Benamor». De son côté, Slim Othmani (président du conseil d'administration NCA Rouiba) s'était déjà opposé au fait que le FCE prenne position. Ce matin, il a déclaré : «J'ai refusé de participer à une réunion dont l'objet, se prononcer sur une question politique, contredit les statuts de notre organisation. C'est une association à caractère non politique.» L'absence d'un certain nombre de chefs d'entreprises tels que Issad Rabrab et Omar Ramdane lors de cette assemblée extraordinaire souligne les divergences internes au FCE. Aucun consensus n'a été possible. Par ailleurs, lors de sa conférence de presse, le 27 février dernier, l'ancien chef de gouvernement, Mouloud Hamrouche, avait dénoncé les pressions exercées sur les acteurs économiques à chaque élection présidentielle.