Le Forum des chefs d'entreprise (FCE) a finalement décidé de soutenir officiellement le président-candidat, Abdelaziz Bouteflika, pour l'élection présidentielle du 17 avril prochain. Réunis ce jeudi en assemblée générale dans un hôtel algérois, le FCE déclare, dans un communiqué ramassé, soutenir «le programme de monsieur Abdelaziz Bouteflika » et exprime sa « volonté à demeurer mobilisé aux côtés des pouvoirs publics, comme il l'a toujours été jusqu'ici». Sans s'étaler sur les péripéties de ce nouveau rendez-vous pour décider de la voie à prendre, le communiqué du FCE explique dans les grandes lignes son choix dicté par l'impératif de poursuivre le processus de la relance économique déjà engagé par le gouvernement et «pour contribuer positivement aux efforts d'édification d'une économie performante, prospère et solidaire». La même source d'information ajoute que le FCE convient que l'Algérie «engage une nouvelle étape qui s'ouvre dans une conjoncture internationale tendue» et considère qu'elle doit soutenir «la stratégie qui fonde l'action de notre gouvernement, guidée par des politiques orientées vers le renforcement du secteur productif, le développement de l'investissement, l'émergence de nouvelles entreprises et la valorisation de notre potentiel économique» dans le but évident de «donner une vigueur nouvelle à notre processus de développement économique et social». Pourtant, on est loin d'une sérénité à toute épreuve puisque cette élection présidentielle diffère des autres mandats bouteflikiens. Les doutes qui ont entouré la participation du président sortant pour sa propre succession ont finalement entamé le consensus de façade qui habillait jusqu'alors le FCE. Faute de quorum, l'assemblée générale extraordinaire du Forum convoquée pour prendre position sur la présidentielle avait été reportée par deux fois. L'organisation patronale peine alors à se mettre d'accord sur une stratégie commune et ses divergences quant à un soutien à Bouteflika de devenir publiques. Deux prises de position conditionnées entre autres par le bras de fer qui s'est joué en haut lieu et qui n'avait pas encore décidé de la direction du vent. L'AGE de ce jeudi s'est ouverte à l'ombre de Benflis dont la lettre adressée quelques jours plus tôt au FCE a fini par rompre les équilibres précaires. Conscient du poids des patrons de l'économie algérienne, le candidat malheureux de 2004 estime qu'«une organisation patronale doit pouvoir se mettre à l'écart du débat politique et œuvrer pour lever les pressions politiques qui fragilisent l'entreprise». Un appel à la neutralité qui n'aura finalement pas été entendu puisque le Forum a pris la décision de se ranger, comme en 2004 et 2009, derrière Bouteflika. Une prise de position contraire à la charte même de l'organisation patronale qui s'interdit toute action politique et une quelconque «allégeance à une formation politique quelle qu'elle soit». Un positionnement qui ne sera pas sans conséquences puisque nombreux sont les membres du FCE qui ont opté pour une neutralité d'équilibre et dénoncent le coup de force et la tournure prise par le rendez-vous de jeudi. Un ralliement à la neutralité qui n'a pas été le cas lors des deux dernières présidentielles et qui n'a d'autres explications que l'indécision qui entoure cette quatrième mandature. Quant à l'AGE en elle-même, si elle s'est déroulée dans les meilleures conditions selon certains présents, d'autres, par contre, évoquent des irrégularités dans le scrutin démenties par Nassim Kerdjoudj, le vice-président du FCE, qui a déclaré à la presse que «nous avons voté à l'unanimité notre soutien au président-candidat, Abdelaziz Bouteflika. Personne n'a quitté l'assemblée». Pour le mode de vote à bulletin secret arrêté au préalable, Mouhamed Bairi soutient de son côté qu'«au cours de l'assemblée, la question concernant le mode de vote a été posée : le choix entre vote à bulletin secret et vote à main levée. Cette question a été tranchée par un vote à main levée et nous y avons procédé». Quant à la lettre de Ali Benflis, si elle n'a pas été lue au cours de la séance, c'est tout simplement qu'elle n'était pas à l'ordre du jour, explique-t-on encore. Notons que nombre de grands patrons algériens n'étaient pas présents à cette assemblée qui scelle la division dans la maison FCE plus qu'elle n'exprime le consensus autour du soutien à Bouteflika.