Bien même avant la tenue de la 13e tripartite, le système de rémunération, par l'élément Snmg (Salaire national minimum garanti), souffrait d'un grave dysfonctionnement. Deux paliers de revenus sont appliqués dans le cadre du Snmg, l'un de 100% pour les travailleurs en activité, l'autre de 75% pour les pensions minimales de retraite. Les négociations tripartites de la fin de la semaine dernière n'ont apporté aucune solution à même de remédier à cette anomalie en alignant la pension minimum à 100% du Snmg. L'on s'interroge dès lors sur le concours du Snmg à améliorer le pouvoir d'achat si des disparités salariales continuent à être cautionnées par le ministère de tutelle. Le système de retraite en Algérie continue de faire face aux vieux réflexes et aux actions de replâtrage conjoncturelles, ce qui a fait subir à la Caisse nationale de retraites (CNR) des déficits de plusieurs milliards de dinars. Exemple : les deux régimes de retraite – retraite sans condition d'âge et retraite proportionnelle – coûtent annuellement une enveloppe budgétaire de 30 milliards de dinars à la CNR. Depuis l'année 1997 à ce jour (date de l'institution du régime de retraite sans condition d'âge afin de répondre à une conjoncture marquée par la destruction de l'appareil industriel national), les départs à la retraite sans condition d'âge ont coûté 354 milliards de dinars. La CNR, qui verra ses dépenses augmenter à la faveur de la nouvelle révision à la hausse du Snmg prévue à compter de 2010, a accumulé pendant l'année en cours un déficit dépassant les 15 milliards de dinars. Cependant, ce déficit budgétaire n'est pas seulement un effet direct des actions de replâtrage conjoncturelles, mais aussi du fait que « deux millions de travailleurs ne sont pas déclarés à la sécurité sociale ». C'est un chiffre qui émane du conseil d'administration de la CNR, évoqué par Ahmed Gadiri, qui occupe aussi le poste de secrétaire fédéral de la Fédération nationale des travailleurs retraités (FNTR). Le défaut de déclaration à la sécurité sociale témoigne, bon gré, mal gré, d'une mission non accomplie par le ministère du Travail, de l'Emploi et de la Sécurité sociale et de ses services concernés par la gestion de ce dossier. Ces deux millions de salariés non déclarés à la sécurité sociale exercent, pour la plupart, dans le secteur privé et dans l'agriculture. Le recouvrement des cotisations fait défaut à cause de « la politique de la main molle » du ministère Travail et de l'Emploi qui semble agir aussi avec le dos de la cuillère avec les entreprises qui ne versent pas régulièrement les cotisations. Pour ainsi dire, les déficits financiers qui caractérisent la trésorerie de la CNR depuis maintenant plusieurs années sont aussi la conséquence d'une mission mal accomplie par les services du ministère du Travail. Ces déficits ne sont même pas couverts par la décision datant de 2006 qui consiste à verser 2% de la fiscalité des hydrocarbures dans un fonds de réserve des pensions de retraite. Cependant, l'annulation, par une décision de la tripartite, du régime de retraite sans condition d'âge pourrait permettre à la CNR de respirer quelque peu, en attendant que la loi soit pleinement appliquée sur les employeurs en matière de cotisation et/ou de déclaration.