Le programme du renouveau rural ne donne pas satisfaction. Ce n'est quand même pas avec une aide du Fonal ou quelques têtes d'ovin et de bovin qu'on va retenir les gens au niveau de leurs terres», glisse Hocine de la localité d'Aït Slimane, sur les hauteurs de Naciria, à 50 km à l'est de Boumerdès. Ce jeune de 28 ans et ses concitoyens ne croient plus aux lendemains qui chantent tant promis par les responsables à tous les niveaux hiérarchiques. Eux aussi songent à emprunter le chemin de l'exode et s'installer tranquillement en ville. Leur localité est située sur le versant sud des monts de Sidi Ali Bounab, à la limite territoriale avec la commune d'Aït Yahia Moussa, dans la wilaya de Tizi-Ouzou. La beauté des paysages que recèle cette région qui englobe trois villages, cache mal le dénuement dans lequel vivent ses habitants. La route qui y mène est ponctuée de plusieurs campements et de barrages militaires. Cet axe du CW 107 reliant Naciria à Timezrite a été rouvert à la circulation en 2005, après avoir été fermé par l'ANP durant plus de sept ans afin de resserrer l'étau sur les groupes terroristes armés. Aujourd'hui, la situation a complètement changé. Le retour de la sécurité y est une donne reconnue par tous. Mais le développement se fait toujours attendre. Ainsi, en sus de l'absence de réseau d'assainissement et le non-raccordement des nouvelles constructions au réseau d'électricité, les habitants apostrophés se disent très indignés quant aux retards enregistrés concernant l'aboutissement des projets lancés dans le cadre des plans de proximité du développement rural intégré (PPDRI). «Cela fait plus de quatre ans que j'attends qu'on me donne quelques têtes d'ovin, en vain. J'ai suivi une formation dans l'élevage durant une semaine à Boukhalfa, mais je n'ai encore rien eu», rouspète un jeune du village Iwaryachen. Comme lui, des dizaines d'habitants d'Aït Slimane, Imaghninen, Takhirouant et Ouled Moussa, attendent la tenue des engagements des responsables de la conservation des forêts dans l'espoir de multiplier leurs sources de revenus afin d'améliorer leurs conditions de vie. «J'ai suivi avec 16 autres jeunes de la région une formation en apiculture. On nous a promis 10 ruchers pour chacun, mais on n'a rien vu venir. À chaque fois que nous réclamions, on nous demande de patienter», tempête Ali, 38 ans, du village Aït Slimane. Chômeur de son Etat, Ali vit grâce aux petites bricoles et l'arboriculture. «En 2010, j'ai planté une centaine d'oliviers, mais les feux de forêt en avaient ravagé plus de la moitié», dira-t-il avec regret, affirmant que la récolte oléicole de cette année est la plus mauvaise depuis 20 ans. Pour lui, cette chute de rendement est due surtout au manque d'entretien des oliviers. Selon lui, des villageois trouvent d'énormes difficultés à se rendre dans leurs champs à cause du manque de pistes. «Les cinq pistes qui ont été ouvertes en 2012 grâce aux cotisations des villageois, n'ont jamais été aménagées, ni dotées de caniveaux et de gabions», déplore-t-il. En sus de ces problèmes, les villageois se disent durement pénalisés par le manque d'infrastructures dans la région. «Cela fait plus de 10 ans que nous demandons l'ouverture de la salle de soin d'Iwaryachen et la transformation du bureau de poste en une salle de sport, en vain», s'indigne-t-il encore. Interrogé, le premier vice-président de l'APC, M. Khelladi, précise que les listes des bénéficiaires de ruchers ou autre cheptel ont été validées il y a 20 jours par la commission de daïra. Notre interlocuteur indique que l'APC a lancé de nombreux projets dans la région, citant la réalisation d'une annexe d'état civil et une autre de CEM. Mais les habitants souhaitent beaucoup plus que cela ; ils demandent notamment la réalisation d'unités industrielles dans la région et le développement du tourisme de montagne afin d'absorber le chômage et inciter les villageois à rester sur leurs terres.