Quelle suite faut-il attendre de la Conférence de soutien aux Palestiniens tenue à Londres mardi ? La réponse viendrait des quotidiens britanniques au départ très prudents à l'égard de cette initiative prise à la hâte par le Premier ministre, Tony Blair, que l'on disait à la recherche d'un succès diplomatique. Celle-ci, selon eux, constitue un pas concret, malgré l'absence d'Israël. Tout en titrant « Un démarrage concret », le Guardian avertit que le chemin qui se présente est difficile et dangereux. « Les meilleures perspectives de paix dans la région depuis des années », écrit le Financial Times, un avis que partage The Independent. La réunion de Londres a apporté son soutien aux efforts du président Mahmoud Abbas et réaffirmé son attachement à la « Feuille de route », Israël étant invité à respecter ses propres engagements, ce qui correspond aux attentes des Palestiniens. Soulignant « les progrès significatifs » de l'Autorité palestinienne et estimant que le programme de réformes présenté par Mahmoud Abbas est « une étape majeure dans l'application des engagements palestiniens dans le cadre de la Feuille de route », les participants de la réunion de Londres ont « pressé » Israël d'agir pour respecter ses propres engagements. La Feuille de route est un plan de paix international prévoyant la création en 2005 d'un Etat palestinien indépendant, tué par Israël dès son lancement en juin 2003. Si ce document a été également rappelé par le Quartette sur le Proche-Orient (UE, Russie, Etats-Unis, ONU), celui-ci a aussi demandé à l'Autorité palestinienne d'arrêter et de traduire en justice les auteurs de l'attentat de vendredi à Tel-Aviv (cinq morts, une cinquantaine de blessés), appelant à une « action soutenue » pour prévenir les actes de terrorisme. Une déclaration jugée « positive » par le gouvernement israélien. Cette intervention a provoqué une vive réaction de Mahmoud Abbas : « Nous ne prendrons pas de mesures de sécurité sous la pression de quiconque », insistant sur le fait que certaines mesures ont déjà été prises « car nous y avons intérêt ». « La sécurité de la région est la sécurité de l'ensemble de la communauté internationale », a-t-il insisté, en estimant « très positifs et fructueux » les résultats de la réunion de Londres. Le communiqué final de cette conférence a aussi précisé que « le renouveau de l'économie palestinienne dépendra d'un démantèlement significatif du système de blocus et de restrictions imposé par Israël à la circulation des biens et des personnes » dans les territoires palestiniens. Réaffirmant sa volonté d'encourager « des négociations directes (entre Israël et l'Autorité palestinienne) menant à la solution de deux Etats » israélien et palestinien cohabitant en paix, la réunion de Londres a également précisé que le futur Etat palestinien devait être d'un seul tenant. Cette prise de position rejoint la déclaration mardi matin de Condoleezza Rice qui a mis en garde Israël contre toute action qui pourrait « nuire à un règlement final ». « Un Etat composé de territoires dispersés ne marchera pas », a-t-elle affirmé. La question de la contiguïté apparaît de plus en plus, cela veut-il dire pour autant continuité territoriale, préférée par les Palestiniens qui pourraient se retrouver éparpillés à travers la bande de Ghaza et la Cisjordanie, deux territoires distincts. Par ailleurs, Washington va accroître son engagement dans le processus de paix au Proche-Orient en envoyant dans la région le général William Ward pour coordonner les efforts internationaux visant notamment à réformer les forces de sécurité palestiniennes. Les Palestiniens « ont soif de sécurité », a souligné le président Mahmoud Abbas. Mais il a aussi averti que la sécurité peut « régresser et même s'effondrer si elle n'est pas protégée par un processus politique sérieux entre nous et les Israéliens, dont le report est injustifié ». Cette annonce sur l'engagement américain a été saluée par le secrétaire général de l'ONU, Kofi Annan, qui participait à la réunion de Londres. L'ONU accordera son « plus grand soutien » à ce groupe de coordination, a-t-il promis, soulignant que « l'absence de sécurité mine tout, la sécurité au quotidien des Palestiniens et des Israéliens, les aspirations nationales à long terme du peuple palestinien et le règlement du conflit lui-même ». Là est donc le point faible de cette conférence. Il est important, car la sécurité n'est qu'un volet de tout processus de paix quel qu'il soit. Et l'inverse n'est pas vrai.