Plus d'une soixantaine de familles habitent dans des garages qu'ils ont loués chez des privés dans le quartier des 56 logements au chef-lieu de la wilaya de Bouira. Ces familles lancent un cri de détresse. Les habitants des garages ont passé entre 6 et 20 ans dans la misère et la désolation. «On était obligé de se constituer en association qui porte l'appellation «Association des garages» pour revendiquer nos droits et exprimer toute la misère et la souffrance que nous vivons», déclare Mustapha Hachani, président de ladite association. Et de continuer : «Nous avons envoyé nos requêtes et correspondance à tous les responsables, les sollicitant à intervenir, et ce depuis 2009, mais notre situation est restée la même. A la daïra, ils nous disent souvent que notre dossier est en cours d'étude. On pointe chaque mardi au siège de la daïra dans l'espoir de trouver une solution à notre problème». Tous les cas sont similaires, les familles partagent leur vie entre l'insalubrité et l'exiguïté des lieux. «J'ai passé 10 ans de ma vie dans des garages avec ma famille. D'un garage à l'autre, ma vie est devenue un cauchemar. Ces lieux ne disposent ni d'eau, ni d'électricité, ni d'aucune autre commodité d'une vie décente. On partage les lieux avec les rats. On est obligé de vivre ainsi, sinon, du jour au lendemain, on peut se retrouver dans la rue», dira une mère de famille habitant un garage au quartier des 56 logements. La plupart des habitants de ces garages sont atteints de différentes maladies, du plus âgé jusqu'aux bébés. «Nous souffrons tous des maladies, surtout l'asthme et les allergies. Beaucoup d'enfants sont nés handicapés. Ces garages ne disposent même pas d'ouvertures pour l'aération, l'humidité y est très élevée», dira amèrement une autre mère de famille dont le mari souffre de nombreuses maladies. «Je suis fils de chahid, j'habite à Bouira depuis 1956, je n'ai bénéficié de rien. J'ai loué avec mes deux enfants mariés 2 garages. On est entassé dedans. C'est honteux !», lance un vieillard affaibli par le poids des ans. Les charges financières sur les familles s'alourdissent. Les maigres salaires sont partagés entre les loyers et les médicaments. «Je suis dans ce garage depuis 2003 avec ma femme et mes 4 enfants, dont une fille handicapée à 100 %. Je paie le loyer à 8000 Da le mois, en plus des factures du gaz, d'électricité et d'eau. Tous des branchements chez les voisins. Mon dossier de demande de logement est au niveau de la daïra depuis 2001, sans aucune suite. Dernièrement, on m'a dit de patienter pour après les élections présidentielles, j'attends encore», explique un père de famille, visiblement affecté par la misère dans laquelle il vit. Un autre témoignage poignant.14 ans de misère dans le garage. «L'humidité, les maladies, l'extrême chaleur en été et le froid en hiver. Voilà à quoi se résume ma vie. C'est comme si on habitait dans la rue. Je suis malade, ma grand-mère aussi, il ne reste que ma mère qui s'occupe du foyer. Je ne supporte plus ma vie», déclare une jeune fille de 26 ans, les larmes aux yeux. Récemment, l'association des habitants des garages a demandé à un huissier de justice d'établir un constat. Il relate dans son rapport tout le dénuement des ces famille : «Les habitations ne dépassant pas les 20m², présence des rats, présence des canalisations pour les égouts…».