Comme ses prédécesseurs, il sera chahuté et sommé de changer de discours. Un sort plus virulent est promis à Louisa Hanoune annoncée cet après-midi à Ouargla alors qu'elle vient d'annuler son meeting de Ghardaia. Rancune Les chômeurs de tous bords, affiliés à la coordination nationale de défense des droits des chômeurs, CNDDC ou autonomes sont unanimes. Ils tiennent tous rancune aux membres du staff de campagne de Bouteflika, particulierement Abdelmalek Sellal et Amar Ghoul mais aussi à Louisa Hanoune, la star du dernier meeting organisé au chef-lieu de la wilaya de Ouargla et qui focalise désormais toute la colère des chômeurs qui lui réservent un accueil explosif. Les réseaux sociaux regorgent d'appels à la mobilisation contre le meeting de la présidente du parti des travailleurs accusée, à l'instar de Sellal et Ghoul, d'avoir insulté les chômeurs et leur loyauté envers l'Algérie, les traitant de groupuscule séparatiste pour le premier, les accusant d'être instrumentalisés et de répondre à des agendas étrangers servant les intérêts de l'impérialisme international pour les seconds.
Belkhadem aux chômeurs : compteurs à zéro après le 17 avril Acculé par les cris de quelques chômeurs qui ont réussi à déjouer l'imposant dispositif sécuritaire dressé depuis jeudi à travers la ville de Ouargla en prévision de son meeting, Belkhadem qui a pris le risque d'affronter la colère des chômeurs en maintenant son rassemblement est apparu fort à l'aise et très pondéré. Il s'est même adressé frontalement aux chômeurs, et sans ciller, voilà qu'il leur demande de la retenue. « Ne cédez pas à la violence, celui qui veut voter pour Bouteflika est le bienvenu, pour les autres, vous avez l'embarras du choix avec les cinq autres candidats ». Nouvelle tentative d'apaisement de l'emportement juvénile, Belkhadem, condescendant, reconnaît que « le dossier de l'emploi a connu beaucoup de violations, des écarts que je m'engage à rectifier moi-même après les élection ». L'orateur prend à témoin la salle quant à une promesse ferme « changer la politique de l'emploi dans la région pour la rendre plus efficiente ». Voila. Tout est dit. Belkhadem sera là après les élections, il aura un rôle prépondérant lui permettant de mettre en place de nouvelles politiques en matière d'emploi et il promet aux chômeurs de repartir à zéro.
Tractations Depuis le chahutage du meeting de Sellal dix jours plus tôt, après un bain de foule qui a montré le visage loyal du Ouargla traditionnel constitué majoritairement de femmes et de personnes âgées, l'existence d'une tendance anti 4e mandat à Ouargla s'est imposée à la classe politique. C'est là que le mouvement des chômeurs pur jus, concentré à Ouargla, est revenu sur les devants de la scène alors que ce dernier peinait à reprendre son souffle et réorganiser ses troupes après la démission fracassante de Tahar Belabes. Finie la période d'implosion, d'infiltration et d'incertitudes. La CNDDC aurait donc gardé l'essentiel de ses revendications : une solution équitable et définitive du problème de l'emploi dans les zones pétrolières du sud passant inéluctablement par la destruction des lobbies des affaires nourris et maintenu par le régime actuel.
Le message des chômeurs Jeudi 27 mars 2014. salle omnisports de Rouissat à Ouargla. Les chômeurs embusqués dans la foule somment Sellal de partir « Ya Sellal yala tir, rahom jaou el fakakir », « Ya Sellal ya kedab, choumara belmersad ». Le discours du directeur de campagne de Abdelaziz Bouteflika est perturbé par les cris des chômeurs montés sur les chaises en brandissant des affiches du président candidat portant des slogans très hostiles, demandant des comptes sur les promesses faites aux chômeurs une année plus tôt. Sellal, poussé à réagir pour calmer la salle, reconnaît en balbutiant que les sociétés nationales et multinationales n'ont jamais appliqué ses instructions que la bureaucratie de son administration n'a pas réussi à imposer le respect des lois de la République et les décisions du Premier ministre. La CNDDC qui avait affiché depuis plusieurs semaines sa non-participation à la campagne électorale et qui ne s'est positionnée pour aucun des candidats n'a finalement pas résisté à la tentation de peser sur cette présidentielle de la continuité. Ibek Ag Sahli, son nouveau coordinateur général, admet que « la CNDDC veut clairement signifier à cette classe politique corrompue qui mange à tous les râteliers, qu'elle n'a plus à attendre de Ouargla ou la lutte des chômeurs pour le changement sera désormais l'enseigne de cette ville ».