Les glissements de terrain menacent des dizaines de maisons dans la commune d'Ath Laâziz, 10 km au nord Bouira. À Iâlouachène, village de montagne relevant de cette municipalité, le risque est éminent. Depuis plus d'un mois, les habitants vivent dans la crainte d'être emportés par les éboulis de terre. Pour Kamel et sa famille, l'enfer a commencé depuis les dernières pluies du mois de mars. Un important éboulement a eu lieu et sa maison se trouve actuellement menacée d'écroulement. «Vous voyez le danger que nous courrons au quotidien. Si la terre bouge encore, c'est la catastrophe», dit Kamel qui souhaite que les pouvoirs publics se penchent sur son cas et lui trouver un abri pour y évacuer sa famille provisoirement. «Depuis que le glissement a eu lieu, nous vivons un cauchemar. Au moindre bruit, tout le monde panique. D'ailleurs, ma femme a été évacuée à l'hôpital quand elle a entendu mon fils frapper à la porte. Elle a cru que c'est la terre qui a bougé», raconte-t-il. En effet, les fondations d'une partie de la maison sont visibles. En plus, sous l'effet de l'éboulement, une autre partie de l'habitation commence à s'incliner. Preuve que la terre n'est pas stable à cet endroit. À quelques centaines de mètres en contrebas du village, des dizaines d'arbres fruitiers et des oliviers ont été emportés par les tonnes de terres jusqu'au fond du ravin. Cependant, le risque ne concerne pas uniquement cette maison, mais bien d'autres encore qui se trouvent dans ce périmètre dont une école primaire. Ce qui s'est passé il y a deux ans dans un village voisin hante les esprits. C'était le mois d'avril 2012. Plusieurs maisons ont été emportées par un éboulement de terrain à Ighil Oumenchar, relevant de la commune de Taghzout, au nord de Bouira. La catastrophe a eu lieu quelques semaines après la tempête de neige qu'a connue le nord du pays. Les familles sinistrées ont été donc recasées dans de nouveaux logements au chef-lieu communal de Taghzout. Pour le cas du village Iâlouachène, on n'en est pas encore à ce stade. Toutefois, si l'on se réfère à l'expertise réalisée en 2012 par les services du contrôle technique de la construction (CTC), le risque d'éboulement persiste. Cependant, la réaction des autorités locales qui, non seulement s'est faite attendre mais aussi inefficace. Une délégation de la wilaya, dont le wali, s'est dépêchée au village quelques jours après le glissement pour s'enquérir de la situation. Pour tenter de stabiliser le sol, une campagne de plantation a été entamée par les services de la conservation des forêts. Ainsi, le wali s'est engagé à accorder l'aide à l'habitat rural pour la famille dont la maison est menacée à condition que le propriétaire dispose d'une parcelle de terrain constructible. Chose qui semble impossible dans cette région de montagne. Le président d'APC d'Ath Laâziz, quant à lui, a déclaré qu'il ne pouvait pas trouver une solution dans l'immédiat pour cette famille. Par ailleurs, d'un point de vue technique, la campagne de plantation lancée par les autorités pour stabiliser le sol au niveau de ce village et éviter les glissements de terrain n'est pas efficace. Selon une source proche des services du CTC, le cas du village Iâlouachène est particulier. Il ne s'agit pas d'un glissement de terrain comme celui qu'a connu le village Ighil Oumenchar en 2012 à Taghzout, mais il s'agit bel et bien d'une coulée de boue, précise notre source. Se contenter uniquement des plantations et des murs de soutènement pour stopper le glissement, cela pourrait s'avérer inutile. «C'est la raison pour laquelle les services du CTC de Bouira ont demandé l'évacuation des habitants car le phénomène de glissement dans cette zone est évolutif», soutient notre source qui ajoute que pour atténuer un tant soit peu le phénomène, les pouvoirs publics doivent d'abord penser à capter les eaux de sources et pluviales à l'aide des fossés bétonnés de sorte à ce que cette zone sujette à glissement soit épargnée. À souligner qu'en plus d'Ath Laâziz, plusieurs communes situées dans la partie nord et nord-ouest de la wilaya présentent des risques d'éboulement de terrain, notamment Aomar, Kadiria, Bouderbala, Djebahia, Lakhdaria, Ain Turk et Mâalla.