Pour rappel, les deux jeunes sont en détention provisoire depuis 21 jours. Mohamed Kadi est militant du Rassemblement Action Jeunesse (RAJ), quant au jeune Tunisien, âgé de 25 ans, il travaille comme assistant éditeur en Algérie. Il est en situation régulière, précise Me Noureddine Benissad, président de la Ligue algérienne pour la défense des droits de l'homme (LADDH). Les deux jeunes hommes ont été interpellés par la police le 16 avril dernier à proximité de la Fac centrale d'Alger, lors de la manifestation du mouvement Barakat. Ils ont été retenus en garde à vue dans les locaux de la division centre de la police judiciaire, à Alger, puis présentés devant le procureur près le tribunal de Sidi M'hamed le 20 avril. Ils sont poursuivis pour «attroupement non armé dans une place publique, portant atteinte à l'ordre public». Le juge d'instruction de la 3e chambre près le tribunal de Sidi M'hamed a ordonné leur mise en détention provisoire à la prison de Serkadji. «Leur détention est injustifiée et le refus de la liberté provisoire est une décision arbitraire», estime Me Benissad, également membre du collectif d'avocats constitué pour les défendre. Les deux mis en cause nient toujours leur participation à cette manifestation. L'avocat s'interroge sur le motif de leur mise en détention provisoire au moment où ils ont toutes les garanties de représentation. Mohamed Kadi est étudiant ; quant à Moez Benncir, il est fonctionnaire en Algérie et a tous les papiers justifiant son séjour. Un collectif vient d'être constitué pour soutenir ces deux jeunes hommes, mobilisé en Algérie et en Tunisie, pour exiger leur libération. Cependant, jusque-là, aucune réaction officielle des autorités tunisiennes n'est intervenue. «Ce sont des personnes issues d'ONG tunisiennes qui sont en train de se mobiliser», assure Abdelouahab Fersaoui, président du RAJ. Une forte présence des militants de ce collectif est attendue dimanche prochain au tribunal de Sidi M'hamed. Une pétition a été lancée en vue d'exiger leur libération. Environ 2000 signatures ont été collectées sur papier et 800 autres sur le Net. Les instances internationales ont été également saisies officiellement. «Nous avons saisi le rapporteur spécial des Nations unies sur la liberté d'opinion et d'expression, le rapporteur sur la détention arbitraire et le rapporteur sur le droit de réunion et de manifestation publique», affirme Nassira Dutour, du collectif SOS Disparus, qui souligne également que la Commission africaine des droits de l'homme a été interpellée.