Avec l'apparition du premier cas de grippe porcine sur la personne d'un immigré originaire de Hadjadj, une agglomération côtière située à 45 km à l'est de Mostaganem, c'est le branle-bas de combat au sein de la population et du corps médical. Au niveau du chef-lieu de wilaya, les premiers masques ont fait leur apparition, provoquant une certaine panique chez les citoyens. D'où une ruée sur les pharmacies en quête de solutions antiseptiques dont les prix ont rapidement grimpé. Alors que l'on demeure sans nouvelles des 4 cas suspects dont les prélèvements ont été envoyés à l'Institut Pasteur aux fins d'analyse, c'est le corps médical du secteur privé qui se trouve en porte-à-faux avec les directives émanant des services sanitaires. La controverse porte notamment sur la désignation d'une structure sanitaire chargée d'accueillir les cas suspectés d'infection par le virus H1N1. En effet, le corps médical du secteur privé est appelé à orienter systématiquement les malades suspects vers le service des urgences situé dans le quartier de Tigditt. Une mesure qui fait craindre le pire aux médecins de cabinet, qui constituent la première barrière sanitaire. Le choix des UMC pour servir d'hôpitaux de référence, en application des directives du ministère de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière, n'est pas pour rassurer. Pour certains professionnels chevronnés, les UMC sont l'endroit le moins indiqué pour servir de centre d'accueil pour les patients suspects, rappelant qu'à aucun moment la directive du ministère de la Santé ne prévoit la transformation des UMC en structures hospitalières de référence. Nombreux sont les concernés qui se refusent à orienter leurs patients vers un service qui n'a aucune compétence en la matière et qui se trouve, de surcroît, totalement submergé par ses activités habituelles. Et ils soulignent que cette structure est sans doute la mieux placée pour diffuser la maladie de par les incessants va-et-vient des citoyens ou leurs proches qui y sont hospitalisés quotidiennement. Réquisitionné dans le cadre du hadj, le chef du service épidémiologie auprès de la DSP ne rejoindra son poste qu'à la fin de la campagne. C'est donc en son absence que ce choix aurait été fait, alors que, selon des spécialistes, le service des maladies infectieuses serait le plus indiqué pour encadrer cette opération anti-A(H1N1). Doté des moyens humains et rompu à ce genre d'opération de confinement et d'isolement, il devrait naturellement s'investir dans la campagne de prévention de cette pandémie, qui risque de faire beaucoup de dégâts si elle est mal contenue. Pour ce médecin de famille chevronné, « seul un traitement personnalisé et un confinement strict des patients suspects ou infectés sont à même de garantir un minimum de réussite au plan élaboré pour contenir une éventuelle incursion de cette maladie parmi la population », ajoutant que « ni le personnel médical et paramédical ni la configuration de la structure des UMC ne répondent à ces impératifs ».