B. Adali Des spécialistes, interrogés par «Le Financier», plaident pour que nos laboratoires acquièrent un nouveau test de diagnostic ciblant spécifiquement le nouveau virus de la grippe A (H1N1). «Pour l'instant, nous avons une version intermédiaire, nous devrions avoir une version pleinement opérationnelle», a expliqué un virologue. Basé sur la technique d'amplification génique appelée PCR, ce test devrait permettre de rendre un résultat fiable en une demi-journée. Côté institutionnel, c'est le branle-bas de combat: le Premier ministre, Ahmed Ouyahia, a réuni, hier, un Conseil interministériel pour passer en revu l'évolution de la situation épidémiologique. Des représentants des quatre ministères, à savoir la Santé, la Défense nationale, l'Intérieur et les Collectivités locales ainsi que les Transports ont mis en place un plan d'action commun. Mission: appuyer la commission ad hoc déjà installée, la semaine dernière, pour suivre le développement de la grippe porcine dans le monde. L'action de lutte dépasse le cadre national: la Ligue arabe a annoncé, hier, qu'elle demandera au bureau exécutif du Conseil des ministres arabes de la Santé de convoquer une réunion urgente de la commission arabe d'urgence de la santé pour mettre au point un plan arabe visant à faire face à l'épidémie de la grippe porcine (H1N1). La Ligue arabe a indiqué, dans un communiqué, qu'elle exhortera le bureau exécutif, qui se réunira demain, à Ryad, avec la participation de l'Algérie, à mettre au point «un plan commun» visant à faire face à ce genre d'épidémie et, portant, la mise en place d'un mécanisme arabe permanent d'alerte précoce et la garantie des besoins et équipements nécessaires au contrôle au niveau des ports et des aéroports. De leur côté, l'Institut Pasteur d'Algérie et le réseau de surveillance de la grippe saisonnière ont entamé une campagne préventive pour s'assurer des types de virus en Algérie. Les membres de la cellule de crise, les épidémiologistes et experts dans la gestion des crises sont à pied d'œuvre. L'Algérie se prépare L'Algérie est bien préparée en traitements antiviraux. Elle dispose, à ce jour, plus de 6,5 millions de boîtes de Tamiflu et près de 50.000 de Saiflu, produit localement par Saïdal qui a une durée de vie de 60 mois (5 ans). Le Tamiflu comme le Saiflu sont mis à la disposition de la Pharmacie centrale des hôpitaux (PCH). Pour produire le Saiflu, Saïdal a bénéficié de l'assistance du groupe pharmaceutique indien Hetero Labs Limited, avec lequel elle a signé un contrat, il y a deux ans. Ce contrat porte, notamment, sur le transfert de la technologie, le savoir-faire et le dossier technique, ainsi que sur l'achat de la matière première (princeps). Le ministère de la Santé a également prévu 16 millions de masques et presque autant de lunettes au cas où l'épidémie serait introduite en Algérie. Les médecins, interrogés par «Le Financier», déconseillent au public de prendre de traitements antiviraux hors prescription médicale. Un médecin explique que les antiviraux (Tamiflu® et Relenza®) doivent uniquement être pris dès lors que les premiers symptômes apparaissent et ne constituent, en aucun cas, un traitement préventif. Au contraire, une prise sans prescription médicale ou sur une mauvaise posologie risquerait d'augmenter les résistances aux traitements. Tamiflu® est un médicament antiviral éprouvé pour traiter et prévenir la grippe saisonnière mais les experts estiment, aujourd'hui, qu'il serait également le traitement à privilégier dans le cas d'une pandémie de grippe porcine. Mais Tamiflu® a été étudié et développé sur des souches de grippe différentes et le virus actuel de la grippe porcine de la souche A/H1N1 s'avère constitué, pour la première fois, de souches aviaire, porcine et humaine. Les traitements L'ampleur de l'effet du Tamiflu® dans le traitement et la prévention de nouvelles souches de la grippe n'est donc pas à 100% assurée. Si Tamiflu® joue un double rôle de prévention et de traitement, son efficacité sur le virus actuel n'est pas garantie, ni son impact sur les conséquences possibles comme le nombre d'hospitalisations, la mortalité, ou même les conséquences économiques d'une telle pandémie de grippe. Prévention par prophylaxie visant à réduire la probabilité de développer la grippe, traitement «d'amortissement» des effets de la maladie permettant d'en réduire sa durée ou traitement tout court, la communauté internationale attend, aujourd'hui, ces trois effets du traitement par Tamiflu®. Le Tamiflu® (Oseltamivir) permet de réduire la durée des symptômes et est susceptible de réduire l'incidence des complications tout en proposant un mode d'administration très simple. Si la recherche a démontré l'efficacité des antiviraux à titre de prévention, ces médicaments doivent être administrés dans les 48 heures suivant l'apparition des symptômes et ne doivent être pris que sur prescription médicale. B.A.