Plusieurs activités culturelles sont inscrites au menu du programme de cette célébration qui se tient jusqu'à dimanche prochain dans différentes villes de la région Ouest du pays, ont précisé les organisateurs lors d'une conférence de presse. La ville d'Oran a accueilli, en mars 1939, le dernier bateau de réfugiés espagnols, le Stanbrook qui avait à son bord plus de 2000 passagers. «Dans la nuit du 28 au 29 mars 1939, le vieux cargo Stanbrook évacua en Algérie sous occupation coloniale les derniers républicains espagnols qui avaient embarqué pour fuir la guerre civile», a indiqué la coordinatrice du comité d'accueil, Natalia Mellado Coves. Mme Coves a également évoqué les conditions inhumaines infligées par l'administration coloniale française aux exilés espagnols qui furent internés dans des camps insalubres plusieurs mois durant. De son côté, le secrétaire de la commission espagnole «Stanbrook», Pacual Moreno Torregosa, a mis l'accent sur «la solidarité exemplaire manifestée par le peuple algérien à l'époque». Il a rappelé dans ce contexte que «la population algérienne s'était mobilisée dès l'arrivée des Espagnols, leur apportant vivres, eau et couvertures, alors que l'administration coloniale avait interdit le débarquement des réfugiés pendant plus d'un mois». La conférence de presse a été présidée par la directrice de la Culture de la wilaya d'Oran qui a suggéré de mettre à profit la présence des hôtes espagnols pour l'élaboration d'un recueil de témoignages et d'un film documentaire autour de cette page de l'histoire en partage entre les deux pays. Une femme qui fut à bord du Stanbrook, alors qu'elle était encore nourrisson à l'époque, figure parmi le groupe de touristes espagnols qui comptent tous au moins un ascendant débarqué de ce navire à Oran. Les présidents des associations locales «Santé Sidi El Houari» et «Bel Horizon» dédiées à la valorisation du patrimoine, ont eux aussi mis en relief l'intérêt de cette commémoration au plan des échanges culturels. Ces associations constituent les partenaires majeurs des manifestations prévues dans ce cadre, dont des concerts de musique à Oran, des visites d'anciens camps d'internement et des cérémonies de recueillement sur les tombes des réfugiés espagnols à Relizane et à Mostaganem. L'inauguration d'un monolithe à la mémoire du «Stanbrook» et une visite du Fort historique de Santa-Cruz sont également inscrites au programme de ce séjour commémoratif. L'arrivée des réfugiés espagnols en Algérie avait fait l'objet d'une conférence animée le 3 mai dernier à l'Institut culturel Cervantès par l'historienne Eliane Ortega Bernabeu qui a affirmé avoir recensé une cinquantaine de camps d'internement en Algérie, dont cinq à Oran, où les exilés espagnols furent confinés par l'administration coloniale française. «Les républicains espagnols furent traités comme des prisonniers de guerre, alors que c'étaient des civils, hommes, femmes et enfants fuyant la guerre civile en Espagne», avait-elle observé, tout en rappelant qu'un sort encore plus douloureux fut réservé aux populations algériennes forcées au déplacement massif dans nombre de ces mêmes camps de concentration.