Entre errance et itinéraire, le parcours de l'auteur se recompose : de ses premières photos à Taghit, en 1977, alors qu'il était étudiant en physique, aux images d'Alger en fête à l'occasion du cinquantenaire de l'Indépendance. Entre les deux, l'auteur nous invite à parcourir l'Algérie d'est en ouest et du nord au sud. Après un tour d'Alger, de sa baie, de ses rues, façades d'immeuble et palais, cap sur l'ouest avec Oran et Tlemcen en vedette puis à l'est dans les montagnes de Kabylie, sur les plages de Jijel et les ponts de Constantine, entre autres passages obligés. Enfin, le périple se termine à Djanet avec ses paysages lunaires et ses oasis paradisiaques. En chemin, le photographe passe en revue les fleurons du patrimoine algérien : les ruines romaines de Guelma, Djemila ou Tipasa, l'architecture du M'zab, les balcons du Ghoufi, la zaouïa Tidjaniya de Aïn Madhi… Nadir Djama s'atèle manifestement à montrer ces lieux sous leur meilleur jour. Du fait de cette optique patrimoniale, l'élément humain passe au second plan. Ayant aiguisé sa technique dans la photographie de studio, Djama s'emploie à sculpter les objets par de subtils effets de lumière, tels ces bijoux kabyles aux riches couleurs ou ces dattes translucides de Biskra et jusqu'aux édifices. Disons-le : pour notre photographe, l'efficacité prime sur la fantaisie et l'on peut affirmer, sans mauvais jeu de mot photographique, que l'objectif l'emporte sur le subjectif. De sa vie antérieure de scientifique (professeur de physique nucléaire et atomique à l'université de Bab Ezzouar), Djama garde le souci du détail et le compas dans l'œil. Chaque photo est une leçon de perspective. Ce soin de la composition va jusqu'à la disposition des images avec beaucoup de variations dans la mise en page, confinant parfois plus à la maquette de magazine qu'à celle du beau livre. L'auteur signale que l'ouvrage est entièrement de sa fabrication : «la photographie, les textes, la mise en page, la conception et l'exécution.» On ajoutera que qu'il s'agit d'une publication des éditions Nadir Djama. La sortie de ce beau livre vient enrichir les travaux de ce photographe prolifique qui œuvre à montrer ce que l'Algérie compte de plus beau : de l'art de la tapisserie aux œuvres de l'artiste Mohamed Temmam. Une œuvre qui ne s'inscrit pas dans la recherche artistique mais qui, de manière académique, apporte une salutaire vision. En effet, pas un jour ne passe sans que les acteurs et responsables du domaine touristique ne se plaignent, encore et toujours, de la mauvaise image de l'Algérie. Mais avant de penser à l'image du pays au sens large (image de marque), il faudrait commencer par le commencement et proposer concrètement de belles images, au sens photographique du terme. C'est cela, le grand mérite de Djama et de quelques autres passionnés qui mettent en valeur ce que l'Algérie compte de beauté.