Le Musée national des beaux-arts d'Alger abrite depuis hier une exposition de photos intitulée « La photographie subjective ». Il s'agit d'un courant photographique international né en Allemagne et qui a marqué cet art entre 1948 et 1963. L'exposition durera jusqu'au 23 du mois en cours. Elle présente 165 photos en noir et blanc, œuvres d'une vingtaine d'artistes allemands d'après-guerre. Dans une conférence animée ce même jour au Musée national des beaux-arts, l'expert et photographe-artiste allemand Adreas Rost a indiqué que la photo « subjective » comporte l'apport de l'artiste en la matière en utilisant des moyens chimiques, physiques et d'autres matériaux ainsi que des possibilités qu'offre l'optique pour réaliser son œuvre pour « déformer » ou « transformer » la photo.Pour schématiser, les initiateurs d'un tel courant sont des photographes qui ont arrêté leur activité pendant la guerre afin que leurs œuvres ne soient pas exploitées par l'idéologie fasciste à des fins de propagande. Après la guerre, ils ont repris leur vocation tout en réactivant les idées de modernité et de l'école du Bauhaus entre autres. Le précurseur de ce mouvement est Otto Steinert à travers ses trois expositions qu'il organisa en 1951, 1954, 1955 et 1958. Il donne une identité à ce style pour désigner la collection de photographies en noir et blanc de son temps, progressistes et conscientes dans la manière d'agir. Ainsi, il fait référence à la fois aux travaux de la « nouvelle photographie » des années 1920 - du Bauhaus et des pionniers d'une photographie expérimentale, artistique de l'entre-deux-guerres - déclarée à partir de 1933 comme « dégénérée » par le régime hitlérien. En parallèle, l'accent est mis particulièrement sur l'aspect créatif des formes expressives individuelles avec le moyen de la photographie.Par l'expression de « photographie subjective », les initiateurs de ce courant veulent qu'il importe moins de donner une reproduction quasi objective de la réalité au sens de « photographie spécialisée », du « reflet » d'objets de la nature, qu'il s'agisse de paysages, de motifs architecturaux, de portraits entre autres, de leur interprétation métaphorique et de la création de produits artistiques aux valeurs propres. D'aucuns y voient une tendance « élitiste » soucieuse de « fuir » la réalité de l'époque avec ses problèmes politiques et raciaux. Cependant, Steinert et son groupe aspirent à une photographie créatrice d'images. Une photo autonome qui se place à valeur égale aux côtés du graphisme et de la peinture en tant que « photographie d'auteur ».