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La littérature algérienne, didactique absente
Publié dans El Watan le 03 - 03 - 2005

la littérature algérienne est un espace d'investigation très complexe. La connaissance des contours historiques et linguistiques s'impose. Pour simplifier, la littérature algérienne est traversée par plusieurs langues, deux s'écrivent, avec, derrière eux, une production remarquable, en l'occurrence l'arabe et le français.
La troisième, la littérature berbère, s'appuie plus sur l'oralité que sur l'écrit. Toute approche ne prenant pas en charge tous ces paramètres demeure limitée. Toute langue est porteuse de son histoire individuelle, mais aussi ses croisements. Les faiblesses de l'histoire de la littérature algérienne sont, peut-être, dans la conception elle-même de cette diversité linguistique. Une richesse qui n'a pas été pleinement assumée. L'arabophone s'autosuffit par la littérature écrite dans sa langue, le francophone fait de même. Pourtant, même si cette littérature se fait dans plusieurs langues, elle reste unie par son algérianité et par les caractéristiques qui en découlent. La littérature francophone est traversée par plusieurs courants et écoles qui ont fait d'elle une littérature qui s'impose par son histoire, mais aussi par la qualité des travaux réalisés. De l'école exotique ou littérature de voyage (1830-1900) avec les plus représentatifs : Gustave Flaubert, Alphonse Daudet, Guy de Maupassant. Une vision idyllique d'un pays perdu en plein désert, en passant par les algérianistes (1900-1935), un courant très enraciné à sa manière dont Louis Bertrand et Robert Randau, pères fondateurs, prônaient l'autonomie esthétique, l'école d'Alger (1935-1950), l'école nationale (1950-1962) et enfin, celle de la génération post-indépendance, la littérature francophone s'est forgée une présence et une légitimité sans précédent. Des noms comme Albert Camus ou Jean Sénac ont permis au lecteur algérien d'avoir accès à une culture double. D'autres qui sont venus enrichir la liste tels que Mohammed Dib, Assia Djebbar, Kateb Yacine, Rachid Boudjedra, Rachid Mimouni et Yasmina Khadra ont permis à cette littérature de s'imposer par sa continuité et sa qualité. L'histoire de la littérature algérienne de langue arabe n'a pas fait le même parcours d'évolution. Son histoire est liée à celle de la littérature arabe. Au niveau de la poésie, l'Emir Abdelkader a su revisiter, au XIXe siècle, la littérature arabe classique en la libérant de toutes les lourdeurs et faisant d'elle une poésie qui dit l'amour, la guerre et la joie de vivre. Il fut relayé par toute une génération qui a repris le même modèle poétique sans trop l'innover. La poésie algérienne de langue arabe n'a vu son apogée qu'à partir des années 1960 et 1970 avec l'émergence de nouvelles générations éprises par la modernité et la liberté. Des noms tels que Moufdi Zakaria, Jalwah, A. Rezzagui, Zineb Laouedj, Fanni Achour et Rachida Khawazem... sont les représentants de tous les bouleversements historiques qui ont bousculé les grandes certitudes littéraires. Le roman et la nouvelle, étant nouveau genre, n'ont pas trouvé le même substrat et le même intérêt. Les seuls efforts de la période médiévale, la littérature de voyage, les épîtres, les contes comme les Mille et Une Nuits, n'ont pas trouvé beaucoup d'aboutissement dans le monde arabe, puisque la période de la Nahda (la renaissance), au XVIIIe siècle, n'a jamais résolu le problème de la modernité. Les premiers romans algériens de langue arabe ne datent que des années 1970 avec Rih Al Janoub (Le vent du sud, 1971) de Abdelhamid Benhaddouga et l'As, 1972 de Tahar Wattar, même si deux romans, La belle de la Mecque (1947) de Rédha Houhou et Le brasier (1957) de Noureddine Boudjedra sont les premiers balbutiements de ce genre littéraire. La période des années 1975 a donné à ce genre toute son apogée. Des noms tels que Khallas Djilali, Mustapha Faci, Bagtache Merzac, Boutagine, et d'autres donnent au roman et à la nouvelle un visage de modernité et de renouveau plus convaincant. Plusieurs thèmes s'imposent dans cette littérature, si riche et si belle. D'abord le thème de la guerre (de libération) qui continue de hanter la littérature algérienne. Il est très difficile de rencontrer un texte qui ne renvoie pas à ce thème, toutefois avec moins de sacralisation et plus de critique. On peut parler d'une revisite de l'histoire algérienne contemporaine. Des romans comme Nuits de Strasbourg d'Assia Djebbar, Le Serment des barbares de Boualem Sansal ou Calamus de Merzac Bagtache ne peuvent se détacher de cet univers, mais le regard cette fois-ci est plus flexible dans la lecture de la guerre de libération. D'autres thèmes, plus liés au présent, sont venus s'ajouter, comme l'injustice, la violence, l'amour sur fond de questionnements anthologiques et historiques. La lecture de romans comme La vie à l'endroit de Rachid Boudjedra ou Fetwa de Brahim Saâadi nous offrent une autre grille de lecture plus liée aux bouleversements du présent où l'amour se mêle aux souffrances du quotidien et aux déceptions multiples de la vie. Une poétique plus légère et une écriture tendre caractérisent ces thèmes et résonnent au fond des textes et qui fait d'eux une littérature et non une caisse de résonance pour le politique et la platitude du quotidien.. Un grand mouvement, pas très visible encore, est aujourd'hui en train de s'opérer dans les différentes sphères de cette littérature ce qui laisse prévoir beaucoup de choses, même si les faiblesses sont toujours là pour nous rappeler le chemin qui reste à faire. Certains de nos écrivains, qui retournent vers une source berbèro-latine (St Augustin) ou autres, nous renvoient à notre histoire commune qu'il faut assumer pleinement. Une histoire traversée par les moments les plus durs mais aussi les plus bouleversants. Un Kateb Yacine qui va au-delà du seuil de la comédie française, c'est plus qu'une banale reconnaissance d'un écrivain de talent déjà reconnu ou un symbole avec son lot de raccourcis, mais c'est surtout admettre que l'histoire change et les hommes aussi. Celui qui était rebelle contre l'occupant d'hier, c'est lui-même qui a donné au génie de la langue française toute sa résonance esthétique. Il est à la tête de toute une génération qui a produit toute sa littérature dans cette langue. Dommage que la langue arabe est restée figée dans des clichés préconçus, en retrait ou modestement visible dans ce mouvement qui essaie de changer le visage classique de la littérature algérienne. Mettre en relief cette diversité linguistique c'est reconnaître la richesse littéraire de l'Algérie post-indépendante. Bien sûr que tout n'est pas au point aujourd'hui. Il est très difficile de parler encore d'industrie du livre ou de cinéma. Toute l'infrastructure réalisée après l'indépendance s'était sclérosée dans un système bureaucratique et n'a, en finalité, pas servi à grand chose. La quasi-totalité des maisons d'éditions étatiques a été dissoute à cause d'une gestion catastrophique. Les problèmes de développement, économiques et politiques n'ont pas facilité non plus la naissance d'un pôle imposant d'édition. Aujourd'hui, ce sont des petites maisons d'édition qui se débattent en essayant d'investir le terrain vide du livre mais qui se heurtent constamment à deux problèmes qui rendent la tâche des éditeurs plus difficile encore : 1°) La distribution et la diffusion sont quasiment nulles. Le réseau étatique existant s'est totalement disloqué et se contente aujourd'hui de la distribution de journaux et de revues, sans qu'il y ait un autre système de remplacement plus fiable et plus flexible. 2°) Aujourd'hui, le statut du livre n'est pas redéfini par l'Etat. Il n'est pas une priorité. Les charges douanières et les taxes imposées par l'Etat rendent l'achat du livre impossible. Avec le niveau de vie qui s'est visiblement affaibli, le livre n'est plus un besoin mais un luxe. Mais tout cela est une autre histoire...

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