Outre une exposition, trois pièces de théâtre puisées du riche répertoire du défunt dramaturge ont été au programme de ces journées. La direction de la culture de la wilaya de Tizi Ouzou, en collaboration avec le théâtre régional Malek Bouguermouh de Béjaïa (TRB), ont organisé la semaine dernière les 4e journées théâtrales en hommage au défunt dramaturge et poète Mohand Ouyahia, dit Mohia. Outre une exposition de coupures de journaux, de documents et de livres retraçant son œuvre et son itinéraire artistique, les initiateurs de cette rencontre qu'a abrité la maison de la culture Mouloud Mammeri de Tizi Ouzou ont programmé trois pièces théâtrales puisées du riche répertoire de cet homme de culture qui a marqué de son empreinte la production poétique et théâtrale d'expression kabyle. C'est la jeune troupe du TRB qui a ouvert le bal avec une représentation intitulée Le Foehn, adaptée de l'œuvre de Mouloud Mammeri. Mise en scène par le talentueux Djamel Abdelli, la dernière production du TRB, pièce déjà montée en français par le Théâtre national algérien (TNA), en 1967, traite de la Révolution algérienne. En effet, l'histoire se passe durant la bataille d'Alger en 1957. Un jeune fidaî algérien s'apprête à commettre un attentat contre un colon, commandant de l'armée française. L'attentat est déjoué, le jeune Tarik est capturé et emprisonné. Tarik est torturé mais reste muet. La trame est captivante de bout en bout. Les onze comédiens de la troupe ont fait preuve de beaucoup de concentration et de savoir-faire sur scène pour reconstituer au nombreux public présent un fragment du texte écrit par l'auteur de La Colline Oubliée. Urgagh mutagh, une autre production du TRB, mise en scène par Mouhoub Latrèche a suscité également l'admiration du public qui aura renoué ainsi avec les planches à l'occasion de ce festival. Ecrit par Mohia dans les années 1980 et interprété par Sami Allam qui a déjà campé d'autres rôles dans Sinistri du même auteur, ce monologue est une tragi-comédie qui narre ce que ressent un mort qui tombe tout d'un coup au milieu de la route, méconnu de son vivant et voilà que tout un monde se met en scène autour de lui. Même mort, il n'est pas à l'abri. Son cerveau constate, analyse et le renvoie à de précieux souvenirs de son vécu. Il voit défiler dans sa tête des souvenirs d'enfance, de jeunesse, ses escapades amoureuses, ses espoirs et déboires. Accompagné musicalement par Belaïd Branis, Sami Allam a réussi, par le geste et la parole, à interpréter le texte original de Mohia. La dernière journée du festival a été marquée par la présentation de Sin Nni, une pièce produite par le TRB et mise en scène par Mouhoub Latrèche. Ses premiers pas, Mohia les fit en tant que poète. Plusieurs de ses textes sont interprétés par de nombreux artistes kabyles entre autres, Idir, Ferhat Mehenni, Ali Ideflawen, Malika Domrane, Slimane Chabi, Takfarinas. Bon nombre de ses textes restent, à ce jour, inédits. Au théâtre, Mohia a adapté plusieurs œuvres relevant du patrimoine universel, notamment Le Ressuscité de l'écrivain chinois Lu Xun, La Jarre de Pirandello, Médecin malgré lui de Molière et En attendant Godot de Samuel Beckett.