Les crimes commis actuellement en Algérie prennent des formes alarmantes avec une nette recrudescence des actes au sein de la famille. Rien que durant les huit premiers mois de 2009, le nombre de crimes et délits contre la famille et les bonnes mœurs a atteint 1176 affaires. A la suite de ces actes de violence, 1891 personnes ont été arrêtées, indique le colonel Abderrahmane Ayoub, chargé de la communication au sein de la Gendarmerie nationale, joint hier par téléphone. Le jeune homme de 17 ans qui a massacré ses parents et son frère, lundi à Sétif, ne constitue pas un cas isolé puisque 29 affaires de ce genre ont été dénombrées dans cette wilaya, de janvier à octobre 2009, selon le colonel Ayoub. Il faut compter 251 affaires de coups et blessures et 263 personnes arrêtées sur le territoire national durant les huit premiers mois de l'année 2009. Sur ce registre, fait savoir notre interlocuteur, Sétif vient en tête de liste des wilayas, suivie de Béjaïa et d'Oran alors que d'autres régions du pays connaissent des crimes familiaux comme Saïda, Tiaret, Batna ou Oran. Les stades, les écoles et même les mosquées n'échappent pas aux actes de violence individualisée, avance un psychiatre au centre hospitalier Drid Hocine de Kouba, à Alger. « Un enfant qui ne reconnaît pas l'autorité familiale ne reconnaîtra aucune autre autorité », indique Mme Dalila S., psychologue dans le centre de détresse Sabrina, créé spécialement pour les femmes violentées par leurs proches parents. Dans plusieurs mosquées du pays, des jeunes recourent à la violence corporelle pour pousser au changement des imams prêcheurs ou ceux qui assurent juste les cinq prières prétextant différentes raisons, indique un haut cadre au ministère des Affaires religieuses et des Wakfs. A l'école, on ne compte plus les cas où des élèves insultent, menacent et frappent leurs enseignants. « J'ai été victime de grossièretés de la part d'un de mes élèves, mais j'ai pas osé me plaindre ni au niveau de l'établissement ni auprès de la police de crainte de représailles contre mes enfants en bas âge », témoigne une enseignante dans un collège à Beni Messous, sur les hauteurs d'Alger. Dans les clubs sportifs, des joueurs arrivent aujourd'hui au point de crier au visage de leur entraîneur et tentent quelquefois de l'agresser physiquement. Les services de la Direction générale de la Sûreté nationale (DGSN) interviennent, eux aussi, chaque fois qu'il faut constater ou parer à des actes de violence notamment familiale. « Il arrive qu'on soit harcelés pour aller séparer des membres d'une même famille qui en arrivent aux mains et avec arme blanche », relève un commissaire en poste à Alger. Le mois dernier, 146 citoyens ont été arrêtés pour des actes de violence par les services de la Gendarmerie nationale.