A coups d'armes blanches, de hache, de crans d'arrêt, les décapitations et strangulations sont autant de crimes qui tendent à se banaliser. Des faits divers particulièrement horribles, générés par des scènes d'une extrême violence, marquent peu à peu l'actualité de l'Algérie. Le crime sordide est désormais un phénomène inquiétant qui ronge insidieusement la société algérienne. Ce phénomène sociétal préoccupant, jadis isolé, et quasiment insignifiant sur le plan numérique, prend des proportions alarmantes à travers les quatre coins du pays. Le week-end dernier, la localité de Merouana dans la wilaya de Batna a été le théâtre d'un crime odieux: quatre membres d'une même famille ont été décapités froidement à l'aide d'une arme blanche. La famille entière a été exterminée, les parents et leurs deux enfants ont été sauvagement égorgés. L'unique survivante, une adolescente, a été épargnée par le seul hasard qu'elle se trouvait à une fête de mariage au moment de cette «boucherie». Parmi les quatre personnes fortement suspectées d'être les auteurs de ce crime, figure un proche de la famille-victime. Ce dernier qui s'est blessé en se jetant d'un deuxième étage, d'où les soupçons, semble être l'auteur de l'abominable forfait. Le mis en cause s'est fait coincer sur le toit des voisins, où il a été retrouvé immobile par les enquêteurs. Le crime crapuleux est, dans un sens, un acte dépravé commis par intérêt dans un but sordide. Aussi le motif de cet acte horrible commis par un groupe de malfrats et bourreaux, serait-il le vol prémédité d'objets de valeur de cette famille supposée aisée? Les statistiques de la gendarmerie de Batna illustrent la montée inquiétante de la criminalité dans cette wilaya. 441 affaires ont été traitées et 449 personnes arrêtées pour le seul premier trimestre 2009. Les crimes et délits contre les personnes viennent en première position avec 234 cas. Concernant le crime organisé, on dénombre 63 affaires dans lesquelles ont été impliquées 98 personnes depuis le début de l'année. La criminalité, contrebande, trafics d'armes à feu, de stupéfiants et de véhicules, banditisme sont des phénomènes en puissance dans cette wilaya avec des ramifications dans les wilayas voisines de M'sila, Biskra et El Oued. Un des crimes les plus cruels a été perpétré le 17 mars 2007 dans une ferme située à quelque 30 km au nord de Batna. Au cours du mois de mai dernier, la wilaya de Béjaïa a enregistré en l'espace d'une semaine, 3 crimes crapuleux à l'arme blanche, commis par des adolescents dont l'âge ne dépasse pas 22 ans. Tous ces crimes ont été consécutifs aux bagarres avec utilisation de «crans d'arrêt» tirés, parfois au détour d'une discussion. Toutefois, l'influence des stupéfiants y est pour beaucoup dans ces tournures dramatiques. Les cas signalés çà et là suscitent vivement l'inquiétude. Le 2 juillet dernier, un autre crime innommable s'est produit encore à Béjaïa: une vieille femme de 78 ans a été tuée à coups de hache cette foi-ci, par sa belle-fille, suite à une querelle qui a tourné au drame. Dans la wilaya de Tizi Ouzou, la criminalité sous toutes ses formes est en hausse constante, selon les statistiques de la Sûreté de wilaya, parmi les 2742 affaires traitées durant le premier trimestre de l'année écoulée, les atteintes aux personnes et aux biens caracolent en tête du classement des crimes et délits. Tous les milieux sont atteints, y compris l'université. Le cas de l'enseignant poignardé par un étudiant est édifiant en la matière. Les universitaires indiquent qu'ils sont victimes au quotidien de harcèlements, de menaces et d'agressions verbales de la part de certains étudiants. La sonnette d'alarme est tirée pour ce type de crime des plus abjects, qui tend à se banaliser compte tenu de leur répétition.