La vallée du M'zab replonge dans un cycle de violences insoutenables. La gravité de la situation pousse les Mozabites à investir à nouveau la rue pour réclamer la sécurité et l'application de la loi dans toute sa rigueur. Hier encore, sous un soleil de plomb, des centaines de Mozabites ont observé un sit-in pacifique devant la maison de la presse Tahar Djaout, à Alger. Très en colère, ces représentants de la société civile mozabite menacent de radicaliser leurs actions de protestation si le pouvoir ne prend pas sérieusement en charge la crise qui secoue leur région. «Nous en avons ras-le bol des promesses sans lendemain de Monsieur Sellal», ont scandé les manifestants. Rappelons que Ghardaïa connaît depuis décembre dernier des violences qui se sont soldés par 11 morts plus de 70 blessés, outre la destruction de 1000 biens privés (maisons, magasins, champs agricoles…). «La situation est grave. Nous vivons dans l'insécurité alors qu'il est du devoir constitutionnel de l'Etat de garantir la sécurité des citoyens. Où est cet Etat ? Où sont les engagements de Tayeb Belaïz ? Où sont l'armée et la police de Bouteflika ?», s'indignent-ils. Irrités par le laxisme des autorités et leur silence face aux agressions répétées qu'ils subissent, les habitants de Ghardaïa interpellent le peuple algérien en lui demandant de se solidariser avec eux et de les soutenir dans leur combat pour vivre en sécurité dans la vallée du M'zab. «Nous constatons l'absence de volonté politique pour le règlement de notre problème. Alors, nous appelons les citoyens, jaloux de leur religion et de leur pays, à nous apporter leur soutien pour que cesse l'effusion de sang et la fitna dans la vallée du M'zab», lance un Mozabite qui demande aux Algériens de peser de leur poids et de faire pression sur le gouvernement pour qu'il prenne ses responsabilités. Hier, les manifestants ont voulu marquer les esprits en brandissant des photos des neufs morts.Les Mozabites réfutent la thèse selon laquelle la dernière victime a succombé dans un accident et demandent à ce que la lumière soit faite sur tous les meurtres et que les auteurs soit jugés. «Monsieur le wali, nous récusons la thèse de l'accident.Nous réclamons la vérité sur les crimes commis contre de jeunes innocents et l'application de la loi», lisait-on sur une pancarte. Les manifestants ont également brandi des pancartes ou l'on pouvait lire «Les Mozabites se font tuer devant des policiers spectateurs», «Non au racisme», «Non à l'injustice», «Non à la haine». «Sommes-nous tous des Algériens ?», s'interroge l'un manifestant, qui interpelle les hautes autorités, à leur tête le chef de l'Etat. Absence de volonté politique Selon le témoignage des manifestants, la vallée du M'zab est livrée à des bandes criminelles connectées aux groupes terroristes qui sévissent au vu et au su de tout le monde. Ils accusent les autorités locales d'être passives face aux bandes criminelles qui sévissent dans l'impunité totale.Les Mozabites appellent ainsi le président de la République pour qu'il use de ses prérogatives. «Nous appelons tous Son Excellence le président de la République à user de toutes ses prérogatives constitutionnelles pour une intervention ferme et urgente afin de mettre un terme à la tragédie que vivent nos frères à Ghardaïa et de démasquer les criminels qui portent atteinte à l'unité nationale et leurs complices qui fuient leurs responsabilités pour protéger les innocents», écrivent les manifestants dans une déclaration distribuée aux passants. S'agissant du nouveau plan de sortie de crise annoncé par Tayeb Belaïz, les Mozabites attendent son application…