A quand la fin de la crise? semble dire cet enfant mozabite Dans cette ville, la communauté berbère a enterré deux victimes depuis le début du mois de Ramadhan. Alors que le climat demeure toujours très tendu dans la vallée du M'zab, des dizaines de Mozabites ont tenu, hier, un rassemblement de solidarité avec leurs concitoyens à Alger. Devant la Maison de la presse Tahar-Djaout, qui est devenue un lieu de protestation des Mozabites pour s'attirer les regards de la presse, les manifestants ont exprimé leur colère, face à l'enlisement de la situation à Ghardaïa. Dans cette ville, théâtre de violences et d'affrontements entre les Mozabites et les Arabes depuis plusieurs mois, la communauté berbère a enterré deux victimes depuis le début du mois de Ramadhan. Se disant victimes d'un complot visant son extermination, cette communauté est gagnée par le sentiment de peur, d'injustice et de frustration. Les citoyens qui se sont déplacés, hier, à la Maison de la presse exigent, en effet, d'assurer la sécurité des Mozabites à Ghardaïa et demandent à l'Etat d'assumer ses responsabilités et de tenir les promesses faites par ses représentants. «Le Premier ministre nous a promis une solution définitive mais en vain. Nous lui demandons aujourd'hui de tenir sa promesse», lance un protestataire. «Les gens meurent à Ghardaïa. Où est la sécurité?», s'indigne un autre. Habillés de leur légendaire tenue traditionnelle, les protestataires contestent la version officielle avancée à propos du décès des deux Mozabites. Alors que les autorités les attribuent à des accidents de circulation, leurs concitoyens avancent qu'ils ont été tués à coups de jet de pierres. De ce fait, ils exigent des enquêtes crédibles sur les évènements et la sanction des auteurs des meurtres. Certains protestataires, dont l'indignation se lit sur les visages, n'ont pas hésité à accuser les services de sécurité déployés à Ghardaïa, notamment les gendarmes, de complicité dans les attaques contre les Mozabites, leurs habitations et leurs commerces. «Les membres de la communauté arabe chaâmba sont jaloux de nous. Ils nous détestent à cause de nos valeurs qui sont le travail accompli et la solidarité entre nous», explique un manifestant, dénonçant l'aide apportée par les gendarmes à ces Arabes. Ce dernier souligne que de faux barrages sont dressés par des Chaâmbas au niveau de certaines rues de Ghardaïa, afin de caillasser les Mozabites qui y passent. Même s'ils considèrent que la situation peut être planifiée, nos interlocuteurs demandent de renforcer la sécurité dans la vallée du M'zab. Ils demandent aussi aux agents de maintien de l'ordre de faire le travail. «Même si on déploie 1 million de policiers et de gendarmes, ils ne pourront rien faire s'ils se contentent de la position de spectateur sans intervenir», soutient un manifestant, avant qu'un autre n'ajoute: «On ne peut plus accepter cette situation qui nous a été imposée.» Et de se demander pourquoi les responsables se déplacent à Ghardaïa s'ils sont incapables de régler le problème. «Si c'est pour le prestige, on n'a pas besoin de leur visite», insiste-t-il. Pour les manifestants, pour l'Etat, la question est simple: être ou ne pas être. Ils disent que les Mozabites ne veulent pas aller encore plus loin dans leurs revendications. Pour le moment, c'est la sécurité et la vie paisible qui les préoccupent. «Je peux vous assurer que nous pouvons construire une Malaisie en 20 ans dans la vallée du M'zab», affirme l'un d'eux. Cela avant que les manifestants ne se dispersent dans le calme vers midi. Les notables exigent la sécurité Le Conseil des notables de K'sar Mlika à Ghardaïa a demandé, hier, dans un communiqué, la restauration de la sécurité et de permettre à ceux qui ont quitté la ville de revenir à leurs habitations. Il demande aussi la prise en charge totale et le dédommagement des victimes des événements, la condamnation des criminels et la libération des personnes arrêtées dans les cas de légitime défense. Constatant que la situation à Ghardaïa n'a pas évolué malgré toutes les mesures sécuritaires prises, le Conseil des notables de K'sar Mlika appelle à l'application du «plan ficelé» de restauration de la sécurité promis, mercredi dernier, par le ministre de l'Intérieur, Tayeb Belaïz.