Rassemblement, hier matin, devant la Maison de la presse Tahar-Djaout à Alger L'Etat doit faire preuve de beaucoup d'imagination pour éviter la catastrophe à cette minorité. C'est la détresse chez la communauté mozabite de Ghardaïa. Les violences et les agressions continuelles dont sont victimes les habitants amazighs de la vallée du M'zab, deviennent de plus en plus insupportables pour cette communauté. Pour dénoncer cette situation et exiger de l'Etat d'assumer son devoir, plusieurs dizaines de Mozabites ont tenu un rassemblement, hier matin, devant la Maison de la presse Tahar-Djaout à Alger. vêtus de tenues traditionnelles, ils exigent de l'Etat de les protéger contre les agressions et demandent aux responsables d'honorer leurs promesses électorales. Les manifestants ont interpellé le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, lui rappelant sa promesse de trouver une solution définitive au conflit opposant les communautés ibadites et malékites de la vallée du M'zab. «Où est votre promesse ya Sellal?», «où est la sécurité ya Sellal», ont-ils scandé, à l'adresse du Premier ministre qui a vu toutes ses tentatives pour ramener le calme à Ghardaïa échouer. Sur leur lancée, les manifestants marqués par les violences subies, par leurs compatriotes, ont crié à tue-tête d'autres slogans à l'honneur des Mozabites à l'instar de «mzabia chouhada». «Non au terrorisme», lançaient-ils encore. Pour interpeller l'opinion publique et le pouvoir sur le danger qui les guette, les manifestants ont brandi des banderoles sur lesquelles sont transcrits des cris d'alarme. «Sommes-nous dans une Algérie indépendante ou...non?», «Est-ce la récompense à ceux qui veulent construire leur pays?», lit-on sur deux grandes banderoles. Mais la pancarte la plus touchante est celle portée par un enfant d'à peine 12 ans. Sur cette pancarte, illustrée par des chaînes et des taches de sang, on pouvait lire «Le terrorisme ravage les Mozabites». Un écrit qui exprime l'ampleur de la violence qui a fait plusieurs morts ces derniers mois parmi les Mozabites. L'Etat, qui a jusque-là échoué dans sa mission, doit intervenir et faire preuve de beaucoup d'imagination, pour éviter la catastrophe à cette minorité connue pour ses traditions et sa solidarité légendaire qui ont traversé les siècles. Dans une plate-forme de revendications remise à la presse par les manifestants, la société civile mozabite réclame la constitution d'une commission d'enquête sur les événements de Ghardaïa. Pour eux, cette commission doit être neutre et constituée des différents représentants des institutions républicaines et de personnalités nationales, connues pour leur compétence et leur expérience. Elle demande également l'application de la loi dans toute sa rigueur contre les coupables et la prise de mesures nécessaires, en lançant des poursuites judiciaires pour déterminer les responsabilités et les responsables des crimes. La société civile mozabite demande, en outre, la cessation de toutes les poursuites contre les personnes arrêtées, alors qu'elles défendaient de façon légitime leur intégrité physique, leurs biens et leur mémoire. Le renvoi des responsables qui ont échoué à régler la crise et la relance économique dans la région, figure parmi les autres revendications des protestataires.