Paris De notre bureau Ces dépassements, qui étaient l'œuvre d'une infime minorité de jeunes qui cherchaient à en découdre avec la police, selon le maire de la ville François Pupponi, ont relancé la polémique sur la nécessité d'interdire ou pas les manifestations en faveur de Ghaza à Paris et sa banlieue. Connue pour abriter une importante communauté juive, la commune de Sarcelles a été le théâtre de dépassements qui sont intervenus à l'issue d'un rassemblement de plusieurs militants pro-palestiniens, qui s'était d'ailleurs déroulé dans le calme. «Ce n'est pas le problème d'une communauté avec une autre, mais celui de certains individus qui ont basculé dans une violence gratuite», a expliqué le maire de Sarcelles. Il a aussi assuré que les diverses communautés (juive, musulmane, chaldéenne…) continuent de vivre ensemble sans aucune difficulté. Il s'est dit en revanche très «préoccupé» pour l'avenir. Bernard Cazeneuve, le ministre français de l'Intérieur s'est rendu hier matin à Sarcelles où il a déploré des «actes graves, intolérables» et des «violences antisémites». «Quand on s'approche d'une synagogue, qu'on brûle une épicerie parce qu'elle est tenue par un juif, on commet un acte antisémite. Les choses doivent être qualifiées», a estimé M. Cazeneuve qui a, par ailleurs, considéré que l'interdiction des manifestations à Barbès et à Sarcelles, était une «bonne décision». M. Cazeneuve a ajouté qu'il était «légitime» d'exprimer une position sur les événements de Ghaza, mais il a jugé «intolérable que l'on se prenne à des synagogues car rien ne justifie une telle violence» . Une partie de la droite critique la décision d'interdire les manifestations A droite, certains responsables politiques ont condamné la décision du gouvernement d'interdire les manifestations de solidarité avec la population de Ghaza à Paris. C'est le cas d'Yves Jego, candidat à la présidence de l'Union des démocrates indépendants (UDI), pour qui le gouvernement français a fait «une forme de provocation» en interdisant la manifestation pro-palestinienne à Paris. «Dans les villes de province, les manifestations étaient autorisées, elles se sont bien passées. A Paris, le gouvernement Valls a pris l'irresponsabilité de l'interdire et il y a eu des affrontements», s'est exclamé ce député, qui a fustigé une «erreur du gouvernement qui aurait mieux fait d'encadrer cette manifestation». Et d'enchaîner : «Manifester l'autorité de l'Etat vis-à-vis des casseurs, ça c'est responsable, mais on n'interdit pas une manifestation compte tenu des circonstances et de l'émotion d'une grande partie des Français à propos de ce qui se passe en Israël et en Palestine.» Yves Jego a conclu : «L'irresponsabilité du gouvernement français est une formidable campagne d'adhésion au Front national.» Sans utiliser les mêmes mots, le recteur de la Mosquée de Paris, Dalil Boubakeur, a abondé dans le même sens il a estimé, dans une déclaration à BFM TV, que «là où il n' y a pas eu d'interdiction (de manifester, ndlr) les émotions importantes que font régner ces événements sur l'opinion juive, israélite et musulmane ont pu être exprimées de manière extrêmement pacifique et sans aucun heurt». «Mais je pense, a ajouté M. Boubakeur, que le dépit et peut-être aussi un certain nombre de réactions sont à l'origine de ces faits déplorables et bien entendu condamnables. Ces émotions doivent être mieux contrôlées et mieux dirigées pour s'assurer qu'elles ne provoquent pas de désordre public». Auparavant, le recteur de la Mosquée de Paris s'est dit «touché par tout ce qui se passe» et «désapprouve totalement les attaques contre les lieux de culte juifs» à Sarcelles et ailleurs. Appelant au calme, Dalil Boubakeur a reconnu que seule une petite minorité était considérée comme étant le «vecteur de violences antisémites et racistes».Ce n'est pas le point de vue de l'ancien président du Conseil représentatif des institutions juives de France (CRIF), Roger Cukierman, qui a considéré que «des pogroms se répandent dans la région parisienne, notamment après que sept synagogues eurent été incendiés en huit jours». Dans une interview à France Info, il a estimé que «les juifs sont angoissés car ils estiment qu'il y a une action coordonnée en France visant à les attaquer». Pourtant, hormis Paris et Sarcelles, toutes les autres manifestations en France se sont déroulées dans le calme. Deux autres manifestations sont annoncées mercredi et samedi prochains à Paris. Celle de mercredi, à l'appel du Collectif national pour une paix juste et durable entre Israéliens et Palestiniens, pourrait être autorisée. Par ailleurs, le président Hollande a reçu les représentants des cultes en France dont le recteur de la Mosquée de Paris qui a réaffirmé que la communauté musulmane n'est «pas antisémite» et qu'elle «souffre elle-même du racisme».