Paris, Lyon (centre-est), Toulouse (sud-ouest), Lille (nord): les manifestants, qui répondent à l'appel lancé par des partis de gauche, des syndicats, des associations de défense des droits de l'homme et des organisations de soutien à la Palestine, devaient défiler pour réclamer notamment «l'arrêt immédiat des bombardements sur Ghaza», «la levée du blocus, illégal et criminel, de Ghaza» et «des sanctions immédiates contre Israël jusqu'au respect du droit international». Si en Europe les manifestations pour Ghaza réunissent régulièrement des milliers de personnes sans susciter de polémique, en France l'opposition à l'offensive israélienne s'est doublée d'une controverse sur l'interdiction par les autorités de certains rassemblements et sur la montée de l'antisémitisme. Critiqué par sa gauche et par une partie de l'opposition de droite pour avoir joué le pompier pyromane en interdisant des manifestations, le président François Hollande a défendu son credo: «faire respecter l'ordre républicain et refuser les slogans qui expriment la haine». «Le président de la République est resté sur la position qui consiste à dire que le droit de manifester est tout à fait respecté et respectable» a par ailleurs indiqué le porte-parole du gouvernement Stéphane Le Foll. Pour leur part, les détracteurs du gouvernement soulignent que les manifestations qui n'ont pas été interdites se sont déroulées sans incident majeur. Et le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve a lui-même reconnu que les 60 manifestations autorisées récemment n'avaient connu aucun accroc, alors que deux des quatre manifestations interdites ont dégénéré en affrontements entre jeunes et policiers, assortis d'actes antisémites, à l'instar de Sarcelles dimanche où des commerces tenus par la communauté juive de cette petite ville de la banlieue parisienne ont été saccagés. Interrogé sur le rôle des membres de la Ligue de Défense juive (LDJ), un groupe de jeunes activistes radicaux accusé de provocations lors d'une manifestation pour Ghaza le 13 juillet, le ministre de l'Intérieur a condamné leurs «actes répréhensibles». Cette organisation, émanation en France de la Jewish Defense League, a été qualifiée de «groupe terroriste» par le FBI en 2001 et interdite dans plusieurs pays. Le 13 juillet, certains de ses membres s'étaient opposés à des militants soutenant les Palestiniens aux abords d'une synagogue à la fin d'une manifestation de solidarité avec Ghaza. Mardi soir, la justice a condamné pour «violences» à des peines de trois à six mois de prison ferme quatre jeunes gens interpellés à Sarcelles. Un tribunal de Paris a condamné à des peines de prison avec sursis huit participants à la manifestation de la veille à Paris. Hier, c'est de nouveau à Paris que des manifestants vont scander des slogans en soutien à la Palestine. L'autorisation de la manifestation parisienne, qui partira à 18h30 (16h30 GMT) est une «juste victoire pour la démocratie et la liberté d'expression», a commenté Taoufiq Tahani, l'un des organisateurs. Le Premier ministre, Manuel Valls, a justifié l'autorisation en expliquant que le parcours avait été «discuté et des gages de sécurité donnés par les organisateurs de cette manifestation, plus responsables cette fois-ci». La France compte la plus importante communauté musulmane (entre 3,5 millions et 5 millions de personnes) et juive (500.000 personnes) d'Europe.