Aujourd'hui, une menace grave pèse sur l'illustre tapis des Harakta. Plus personne ne se risque à le tisser, en raison de sa cherté. Hadj Mahmoud, ancien tisserand, chargé de conduire la réalisation des motifs, a déclaré que le tapis des Harakta est bel et bien à son déclin, et ce faute de relève. Comment cela se fait-il que ce produit, au label très reconnu, soit délaissé par ceux-là mêmes qui détiennent le secret de sa confection ? Plusieurs facteurs ont contribué à son déclin. Il y a d'abord le prix de la laine, matière première qui se monnaye au prix fort, ensuite les étapes par lesquelles celle-ci passe pour aboutir au produit fini. Quand on sait que pour réaliser un tapis de dimensions respectables, il faut six mois de travail acharné, sous la conduite d'un « Reggame », un tisserand chargé de réaliser les motifs, on imagine aisément le coût du produit ! Durant les années 1970, la municipalité de Aïn Beïda avait érigé une unité de fabrication de tapis, d'autant qu'il existait une usine de la Société nationale de l'artisanat traditionnel (SNAT). Ladite unité employait une trentaine de tisserandes. Avec la dissolution de la SNAT, laquelle fournissait la matière première et le fil de laine, l'unité de tapis a fini par disparaître. Depuis, la fabrication du tapis des Harakta a été délaissée, cédant la place au produit manufacturé et synthétique. Conscients de la menace qu'encourt celui-ci, les pouvoirs publics, et grâce au dernier programme du développement des Hauts-Plateaux, un programme ambitieux projette de ressusciter ce métier, et ce avec la construction d'une maison de l'artisanat à Aïn Beïda. Selon Lazhar Gouasmia, directeur de la PME/PMI, le secteur de l'artisanat traditionnel est un choix stratégique, incontournable, capable de réaliser les objectifs de développement tracés par l'Etat. Le directeur de la Chambre de l'artisanat et des métiers (CAM), Kamel Siad, pense qu'avec une maison de l'artisanat, plusieurs métiers anciens et, notamment le travail de la laine (tapis, hanbal, kachabia…) retrouveront leur place et participeront à promouvoir le produit national afin de l'exporter. Il demeure éminemment impérieux que les promoteurs et les investisseurs s'impliquent dans ce projet, qui ouvrira de larges et vastes horizons à l'artisanat, sans quoi il y aura bel et bien disparition d'un pan important de ce patrimoine.