Le vaccin contre la grippe A(H1N1) Arepanrix, importé par l'Algérie depuis quelques semaines, a été soumis à une expertise internationale. Sa libération par le Laboratoire national du contrôle des produits pharmaceutiques (LNCPP) et l'Institut Pasteur d'Algérie (IPA) ne devrait pas tarder. La campagne de vaccination pourra être enfin entamée au cours de cette semaine ou au début de la semaine prochaine, d'autant que le nombre des victimes ne cesse d'augmenter. A noter que la campagne de vaccination a été retardée de deux semaines suites au résultat des tests de « toxicité » du vaccin effectués sur des souris qui sont décédées suite à un surdosage. Selon des sources concordantes, le Laboratoire de contrôle de qualité (LCQ) de l'IPA aurait procédé à des tests sans se référer aux procédures spécifiques de contrôle de ce vaccin telles qu'elles ont été spécifiées dans les données du fournisseur, à savoir le laboratoire britannique GSK. « L'injection de 0,5 ml du produit au lieu de 0,2 ml a tout de suite provoqué lamort de ces souris », avons-nous appris. Peut-on parler de méconnaissance, d'incompétence ou de négligence ? Des qualificatifs qui ne sont pas permis pour le moment et pour cette situation précise car il s'agit de la sécurité de la santé des Algériens. Des résultats d'une expérience qui ont semé une grande confusion au sein de cet institut et particulièrement au ministère de la Santé qui ne savait plus quelle information donner. Il s'est contenté de répéter que le vaccin est toujours au contrôle alors que le lancement de la vaccination était prévu pour le 19 décembre (hier). D'ailleurs, les centres vaccinateurs tels que les CHU ont été destinataires d'une instruction ministérielle pour se préparer à la vaccination du personnel de santé le samedi 19 décembre. La panique a également touché toute la population qui redoute aujourd'hui ce vaccin et se rabat sur des « potions magiques » de la médecine traditionnelle pour faire barrage au virus de la grippe A(H1N1). Comment pourrait-on convaincre aujourd'hui des centaines de personnes à se faire vacciner ? Une tâche bien ardue pour le ministère de la Santé, qui doit enfin secouer ses institutions et mettre les gens qu'il faut à la place qu'il faut. Le limogeage du premier responsable de cet institut, installé il y a deux mois par ce même ministre, Saïd Barkat, ne serait-il pas la cause de tout ce grand cafouillage ? D'aucuns s'interrogent sur les raisons réelles de ce limogeage au moment où la grippe A(H1N1) pointe du nez et que l'Institut Pasteur d'Algérie qui est toujours sans directeur général. Le premier interlocuteur des fournisseurs de vaccins. Le vaccin n'est pas la cause des décès Ceci dit, beaucoup d'encre a coulé sur le vaccin en question depuis son homologation par les hautes autorités sanitaires internationales. La vaccination contre la première pandémie de grippe atypique du siècle est loin de faire l'unanimité dans de nombreux pays de l'hémisphère Nord, actuellement confrontés à une deuxième vague de ce virus d'origine porcine, aviaire et humaine. L'OMS est montée au créneau à plusieurs reprises pour contrer les suspicions contre le vaccin soupçonné d'avoir été fabriqué trop rapidement et pouvant entraîner de nombreux effets secondaires. Quant à la trentaine de décès signalés parmi les 65 millions de doses administrées dans 16 pays, les études ont conclu que le vaccin n'en était pas la cause, a rappelé l'OMS. De l'autre côté de l'Atlantique, le directeur de l'Agence de santé publique du Canada a fait état de 24 cas d'anaphylaxie confirmés, dont un mortel, parmi les Canadiens vaccinés contre le virus A(H1N1). Le Dr David Butler Jones a indiqué que la personne décédée après avoir reçu le vaccin, identifiée par les médias comme étant un octogénaire du Québec, présentait les symptômes liés à l'anaphylaxie, une grave réaction allergique qui provoque l'obstruction des voies respiratoires. Il a toutefois précisé que la cause du décès n'avait toujours pas été déterminée et que d'autres problèmes de santé étaient peut-être à l'origine de la mort. L'anaphylaxie a fait la une des journaux lorsque le fabricant GlaxoSmithKline a ordonné aux provinces de ne plus administrer de vaccin provenant d'un lot de 172 000 doses envoyées le mois dernier. L'ordre a été donné après que six personnes ayant reçu un vaccin de ce lot eurent subi un choc anaphylactique, soit un nombre de cas plus élevé que la normale. David Butler Jones a cependant indiqué que le taux de réactions anaphylactiques était d'environ 0,32 cas pour 100 000 doses administrées, ce qui demeure dans les normes pour les campagnes de vaccination massive. Par ailleurs, dans leur premier rapport sur la question, les autorités sanitaires américaines ont relevé qu'il n'existait aucune preuve que le vaccin contre le H1N1 comportait des effets secondaires importants. Pas d'effets secondaires importants Au Canada, le seul vaccin utilisé est l'Arepanrix de GSK, qui est exactement la même chose que le Pandemrix, comme on peut le vérifier en lisant l'avis de décision de Santé Canada, dont voici l'extrait portant sur la composition : « Chaque dose de 0,5 ml du vaccin ArepanrixMC H1N1 contient 3,75 µg d'hémagglutinine (HA) dérivée de la souche A/California/07/2009 (H1N1)v. L'adjuvant AS03 est constitué d'une phase huileuse, contenant une huile naturelle et biodégradable, soit le squalène (10,69 mg par dose), et du DL-tocophérol (huile de vitamine E ; 11,86 mg par dose), mélangée à une phase aqueuse composée d'un tampon phosphate isotonique. On a recours au polysorbate 80 (Tween 80 ; 4,86 mg par dose), un émulsifiant pour stabiliser l'interface huile/eau. Chaque dose contient également 5 µg de thimérosal, un agent de conservation. » Le texte intégral de la notice officielle canadienne, contenant quelques indications sur les effets indésirables, parle de données cliniques limitées, à actualiser au fur et à mesure. Il note également l'absence de données chez les femmes enceintes, chez les enfants de moins de 3 ans et les enfants et adolescents âgés de 10 à 17 ans. Très peu de données pour les autres enfants. Il est clairement dit que le vaccin adjuvanté provoque plus d'effets indésirables que celui sans adjuvant. Pourquoi alors le ministère de la Santé algérien décide-t-il de vacciner les femmes enceintes contre l'avis des experts algériens, avec l'Arepanrix vaccin avec adjuvant, alors que le producteur GSK lui-même parle de données cliniques limitées et d'absence de données pour ce vaccin chez les femmes enceintes ?