Grande figure de la culture militante, il incarne avec son «jumeau» Mahmoud Darwich, lui aussi disparu, le rêve et le drame d'un peuple en lutte pour sa liberté. Il est l'interprète de la douleur et l'espérance de chaque Palestinien. Ses poèmes vifs et perçants ont forgé une conscience et une culture de la résistance face à l'occupant durant des années. Ses poèmes sont déclamés sur le front du combat palestinien. Des poèmes qui ont galvanisé des générations de combattants palestiniens. Il est la voix résonnante du combat héroïque d'une Palestine blessée, violée et assassinée. Par la magie du verbe, Samih Al Qassim était à lui seul un front dans le long combat de son peuple. Il sillonne son pays occupé, brandissant ses vers partout comme une arme pour redonner l'espoir à une nation interdite. Dans son célèbre poème Je résisterai, le poète déclame un salve de vers que tout l'arsenal chimique de l'armée israélienne ne saura faire taire : «Tu me dépouilleras peut-être du dernier pouce de ma terre Tu jetteras peut-être ma jeunesse en prison Tu pilleras peut-êtrel'héritage de mes ancêtres Tu brûleras peut-être mes poèmes et mes livres Tu jetteras peut-être mon corps aux chiens Tu dresseras peut-être sur notre village l'épouvantail de la terreur Mais je ne marchanderai pas O ennemi du soleil Et jusqu'à la dernière pulsation de mes veines Je résisterai.» De puissants mots porteurs de vie d'un peuple qui refuse de plier, qui refuse d'abdiquer. Voix de la résistance palestinienne Des paroles fortes qui empêchent la mort d'un peuple enfermé dans le cercle infernal de l'occupation. Voix de la résistance palestinienne, Samih Al Qassim, journaliste et membre du Parti communiste, a occupé des fonctions dans plusieurs journaux et revues. Ces activités militantes lui ont valu plusieurs incarcérations, le licenciement de son poste et le placement en résidence surveillée. Figure de proue de la poésie de la résistance, Al Qassim était né pour un combat. «Je considère que ma véritable naissance eut lieu en 1948, car les premières images dont je me souviens sont celles des événements de cette année-là. Toute ma pensée et les images de ma vie partent de ce chiffre ‘48'», disait-il. Sa poésie se confond avec le combat des Palestiniens. Il est le roman vivant de la Palestine. Dans un hommage rendu au poète, Mahmoud Abbas, chef de l'Autorité palestinienne évoque la «voix haute qui a défendu le droit, la justice et la terre». L'Organisation de libération de la Palestine (OLP) salue un «grand poète dont le nom est lié à la poésie de la révolution et de la résistance et qui a consacré sa vie à la défense de la culture nationale palestinienne». Le célèbre journaliste palestinien, Abd El Bari Atwan, célébrant le poète disparu, salue un immense homme. «Notre pays, la Palestine, ne recèle ni pétrole, ni gaz, ni mines d'or, mais elle possède des hommes et de la résistance et un immense héritage intellectuel et littéraire et un réservoir culturel de haut niveau. Samih Al Qassim, que nous avons perdu, est un des principaux symboles de cet héritage qui nous procurent la fierté», écrit-il. Six ans après la disparition de Mahmoud Darwich, Samih Al Qassim, auteur de plus d'une vingtaine de recueils de poèmes, reste une des figures qui ont forgé l'identité d'un peuple, d'un pays à reconquérir. Il est la Palestine éternelle.