– Quel constat faites-vous de la gestion des déchets ménagers dans nos villes ? Chaque jour une ville d'un million d'habitants génère environ 1000 tonnes de déchets très hétérogènes constitués par des organiques putrescibles (50-60%) et polluants, des métaux, des plastiques, des verres, des papiers et des cartons, qui sont recyclables (30-40%) et des dangereux. Sur l'ensemble du territoire c'est près de 8,5 millions de tonnes qui sont produites chaque jour. Ces déchets doivent être éliminés et c'est de la responsabilité des communes. – L'état a recours au système d'enfouissement technique des ordures qui est souvent décrié par les riverains. Est-ce une bonne chose, selon vous ? Les déchets sont enfouis dans des centres techniques qui sont d'environ 80 pour toute l'Algérie. Tout y est enfoui, les organiques, les recyclables mais aussi les dangereux, ce qui ne correspond pas à une gestion durable de l'environnement et du développement. C'est malgré tout une première étape indispensable. Les gestionnaires des résidus solides se doivent de proposer autre chose pour éviter de remplir les CET par des déchets soit non stabilisés, soit recyclables, soit dangereux pour les générations futures qui auront à gérer nos erreurs. L'enfouissement technique, quand il est bien conduit, peut être une solution sous certaines conditions. Il faut réserver l'enfouissement aux déchets ultimes (matière organique stabilisée, inertes, et éco-compatible) en proposant des traitements préalables pour les organiques (méthanisation ou compostage), les recyclables (récupération des matériaux, des plastiques, des verres, des papiers, des cartons et des métaux) et les dangereux (DDM, DASRI). Mais il restera toujours soit une fraction à enfouir, soit un refus des prétraitements précédents. – Le recyclage des déchets peut constituer une alternative au traitement de cette problématique. Pourquoi ce procédé n'est-il pas suffisamment encouragé et soutenu par les pouvoirs publics ? Ce n'est pas simple à mettre en place car il faut inciter les habitants à faire du tri à la source, organiser une collecte sélective des matériaux et ensuite trouver des filières de récupération pas trop éloignées pour limiter les coûts ainsi qu'un marché pour les matériaux récupérés. Il faut aussi éduquer la population et la convaincre que tout ceci a un coût et qu'elle doit participer en payant une taxe ou une redevance. On peut citer, comme exemple, l'Europe où le système de récupération des emballages en plastique, ferrailles, cartons etc. se fait avec l'imposition d'une taxe payée par les industriels des emballages qui leur donne le droit de coller un logo sur les étiquettes. En France : Éco-emballage a été créée il y a 20 ans pour réduire l'impact des emballages sur l'environnement. Son rôle est d'organiser le dispositif national du tri et du recyclage des emballages. – Que proposez-vous pour améliorer la situation ? Il faut composter la partie fermentescible pour minimiser le stockage des déchets dans les décharges, éviter l'émission de biogaz et réduire les volumes de lixiviat produits. Il faut apporter des amendements organiques pour la fertilisation des sols puisque la wilaya a une vocation agricole. Simultanément, il faut faire la preuve que la recherche scientifique universitaire peut être appliquée industriellement. Le tri de certains éléments indésirables peut limiter la contamination de l'environnement et favoriser la récupération de matériaux recyclables. La mise en place d'un centre de tri compostage à l'échelle industrielle constitue une solution adéquate. Mais des conditions sont pré-requises : une politique de sensibilisation de la population pour contribuer au tri à la source de déchets valorisables est nécessaire. Sur le plan agricole, une campagne de vulgarisation de l'intérêt de l'utilisation de composts urbains est à mettre en place par les autorités concernées pour assurer de meilleurs débouchés tout en créant des emplois.