Oignon sauvage, aubergine, agrumes, laurier, romarin, myrte, noix, tomate, champignon de forêt et huile d'olive, sont les produits agricoles parmi tant d'autres pouvant avoir une place de choix sur le marché extérieur français en particulier. Cependant, les difficultés multidimensionnelles auxquelles ils se retrouvent confrontés à chaque tentative d'exportation, réduisent à néant tous les efforts devant permettre à notre pays de se défaire de l'emprise du tout pétrole. Un brin d'espoir leur a avait été donné avec l'annonce, en mai 2008, de la mise sur pied d'un consortium algéro-français pour la promotion des exportations algériennes de produits agricoles frais. A cette entité créée sous forme de société, fut confiée la mission essentielle de diversifier et d'accroître le volume des produits agricoles algériens exportés vers l'Europe, en l'occurrence la France. Une série de visites de délégations, composées de potentiels preneurs de produits agricoles issus des terres algériennes, avait été organisée pour la circonstance. Depuis, l'élan sera curieusement ralenti, voire rapidement bloqué : plus rien ! Au contact de leurs pairs de l'Hexagone, les producteurs exportateurs de la région ont pu s'inspirer de leurs expériences et savoir-faire respectifs, déjà établis, dans la conquête du marché international des produits agricoles, dont notamment les fruits frais. Des produits grâce auxquels la France engrange près de 1,5 milliards d'euros chaque année en plaçant plus de 1,3 million de tonnes outre-frontières. Des résultats ne pouvant incontestablement être atteints sans les facilités et le soutien qu'accorde l'Etat aux animateurs de ce fructueux commerce. Ce qui n'est malheureusement pas le cas en Algérie où le discours officiel et la réalité du terrain sont complètement divergents lorsqu'il est question de vouloir propulser des exportations hors hydrocarbures. Cette situation est clairement mise en évidence dans les propos de bon nombre d'exportateurs de Annaba qui se débattent dans moult difficultés bureaucratiques pour pouvoir placer leurs produits à l'étrangers. C'est du moins ce que laisse comprendre Adel B., le gérant de la société Icekele Export, spécialisée dans l'exportation des produits du terroir, en déclarant ceci : « La volonté politique de se défaire de la dépendance des hydrocarbures au titre de recettes exclusives du pays, existe certes, mais sur le terrain les choses sont tout autres. Depuis le lancement de ma société, il y a plus de trois ans, je n'ai pu réaliser que trois opérations à l'export. Les deux premières concernaient les escargots, et il est le cas de dire que j'ai beaucoup souffert de la bureaucratie et de tant d'autres problèmes pour pouvoir vendre mon produit en Italie. Ces problèmes vont des procédures bancaires, de la garantie auprès de la Cagex, au transport… » Et d'ajouter : « Ce sont nos voisins de l'Est qui en tirent profit puisque nous sommes obligés d'y transiter pour atteindre les clients italiens. Les opportunités à l'export ne manquent pas car Français, Italiens, comme Espagnols, ont de tout temps affiché un intérêt particulier pour les produits algériens. Il y a quelques mois, j'ai tenté d'exporter plus de 200 kg de champignons de forêt, le preneur était une société sous douane basée en Tunisie. Après 4 jours d'attente sur leur sol, les autorités tunisiennes avaient refoulé ma marchandise sous prétexte que le champignon était un produit prohibé dans leur pays. Je vous laisse le soin de déduire ce que cela m'avait coûté. Pourquoi ne pas prévoir un vol d'essai Annaba-Rome, au moins pour une année, notre compagnie y aurait beaucoup à gagner. » Ce jeune exportateur, lassé par toutes ces tracasseries, a décidé d'entamer les démarches nécessaires pour se transformer en importateur. Car là, la célérité en matière de procédures administratives auprès de toutes les structures et institutions concernées n'a jamais fait défaut. Ce que consolidera un haut cadre de la direction régionale des douanes de Annaba en soutenant : « En l'absence de répondant sur le terrain à la volonté politique de propulser les exportations hors hydrocarbures, notre pays gardera pour longtemps le titre de pays importateur. La communauté des exportateurs est plus que réduite. Elle est estimée entre 400 et 500 exportateurs contre plus de 40 000 importateurs. Bien qu'il y ait une diversification rapide et notable des produits exportés, les pays étrangers hésitent encore à consommer algérien. Certes, aujourd'hui les destinations sont passées de 60 il y a quelques années à 91 entre 2006 et 2009, mais il y a lieu de préciser que 95 % de nos exportations sont concentrés sur une vingtaine de pays. » Cette volonté politique a, encore une fois, été prouvée à travers la mise en place de ce consortium algéro-français qui, faut-il le souligner, a quelque peu soulagé les producteurs exportateurs de Annaba. Et pour cause, il est prévu que cette structure s'occupe de toutes les opérations d'exportation, depuis la collecte des produits jusqu'à leur placement sur le marché étranger. Les exportateurs ayant opté pour la filière « Fruit à l'export » étaient eux aussi soulagés d'apprendre qu'un terminal fruitier devait être créé au port de Skikda. Via cet ambitieux projet, leurs produits pourraient être exportés à partir de ce port et réceptionnés à Marseille. Il sera ainsi mis fin aux contraintes récurrentes ayant longtemps entravé et compromis leurs activités. Où en est le projet, puisqu'à ce jour rien n'a filtré à ce propos ? s'interroge le jeune Adel. Toujours concernant la question relative aux exportations des produits agricoles frais, la communauté des producteurs exportateurs de la région demeure persuadée que pour que ce soit possible d'atteindre un chiffre d'affaires à l'export dans les produits agricoles frais fixé par les politiques à 500 millions d'euros /an et que cet objectif ne s'avère pas être une ambition démesurée, il est d'abord impératif de parer au problème de la certification des produits éligibles à l'exportation. Car, en l'absence d'organisme algérien de certification aux draconiennes et tatillonnes normes internationales, la commercialisation des produits agricoles algériens sur le marché international restera toujours tributaire de la certification préalable auprès des très exigeants organismes étrangers, avec tous les frais lourds et la complexité des procédures administratives que cela suppose.