Richesse Pêche et chasse sont des vocations généreusement offertes par la nature à Beni Haoua, mais à Beni Haoua, la terre prime. Même si c?est la côte, les gens ici se rabattent sur le travail de la terre. Provocation ou répondant à la fertilité de la terre ? Les deux à la fois, selon Ahmed, jeune cultivateur et puis «il faut que la tradition se perpétue en plus du bénéfice qu?il y a par rapport à la pêche qui n?est vraiment pas rentable». Malgré la rudesse du paysage où monts et montagnes sont le relief de cette contrée, les montagnards essaient par tous les moyens d?effectuer leur besogne préférée. Arboriculture ou pêche, noix et même fraise constituent les produits essentiels. La culture sous serre domine puisque tomate, piment, laitue, concombre et aubergine sont cultivés dans tous les coins et surtout dans les lits de rivières asséchées. L?assistance de l?Etat par des subventions en a poussé plus d?un à tenter l?aventure même si quelques-uns se plaignent des revenus maigres dus surtout à la cherté de la matière première. On ne peut joindre les deux bouts en vendant la tomate à 4 DA avec les frais que cela engendre, déclare Abdelkader, un jeune père de famille qui argumente ses dires par le manque de moyens de transport durant la période hivernale puisque les cultivateurs sont obligés de livrer leurs marchandises aux marchés de Chlef ou d?El-Attaf. Quant à la pêche et malgré l?existence de cet abri sis au quartier Le Port, peu de gens s?y aventurent. En outre, on a constaté que la plupart des pêcheurs sont des étrangers venant des villes voisines alors que parmi les bénéficiaires de barques, il y a des jeunes qui n?ont jamais été portés sur ce métier. Mais Beni Haoua, ce village niché entre criques sauvages et forêts de pinèdes et de romarin, est connu aussi pour ses figues dont la renommée a dépassé les frontières. Un colon italien a eu l?ingénieuse idée de bâtir une conserverie en 1956 où la «carmossette», la figue blanche, était conservée avec d?autres produits comme les pêches et les nèfles. Le bien laissé par Bortolotti a continué à ?uvrer réalisant des prouesses allant jusqu?à exporter ces produits qui ont été primés hors du pays et ce à deux reprises. Avec l?autonomie, la conserverie commença à perdre de son brio et de sa productivité jusqu?à fermer boutique laissant ainsi agoniser 30 familles. L?Enajuc de Blida a eu l?intention de relancer cette entreprise sous son empreinte, mais les lourdeurs bureaucratiques ont dissuadé les responsables. Pourtant, le matériel à bord est des plus rares. Dommage pour la «carmossette» !