L'un des événements les plus marquants de l'année 2009 est incontestablement la grève de la faim de la résistante sahraouie Aminatou Haïdar. Tout a commencé le 14 novembre lorsque l'occupant marocain a refoulé arbitrairement la militante sahraouie vers l'aéroport de Lanzarote, dans l'archipel des Canaries. Croyant s'être débarrassé de cette femme au physique fragilisé par la torture, le gouvernement marocain vient de commettre une « erreur » qui lui coûte cher sur le plan diplomatique. Surnommée « la Gandhi sahraouie », Aminatou Haïdar, née pour lutter contre l'oppression faite à son peuple, a décidé d'entamer, à partir du 16 novembre, une grève de la faim, pour exiger un droit de retour sans condition chez elle à Laâyoun. Si au début, personne ne prenait au sérieux son action, rapidement, Aminatou Haïdar a pu, grâce à son courage et sa détermination, à ébranler le monde entier. Aux quatre coins de la planète, les opinions publiques se sont révoltées contre l'injustice faite à Mme Haïdar. Des prises de position, des pétitions, rassemblements sont organisés, partout dans le monde, pour soutenir l'égérie sahraouie dans son combat. Des parlementaires, des intellectuels, des prix Nobel, des partis politiques et des ONG se sont levés pour défendre cette femme qui ne demande que son droit à une vie digne dans un pays libre et indépendant. Le porte-flambeau de la lutte du peuple sahraoui a occupé la une de la presse mondiale. Les journalistes internationaux se ruent vers Lanzarote pour arracher une interview à l'icône sahraouie. Jamais une femme n'a réussi à fédérer autour d'elle autant de mobilisation et de solidarité à l'échelle internationale. Face à cette déferlante, les gouvernements occidentaux ne peuvent rester les bras croisés. Les appels au règlement de ce qui est devenu « l'affaire Haïdar » se font de plus en plus nombreux. Du département d'Etat jusqu'au Nations unies et à l'Union européenne, les Etats sont dans l'embarras. En plus du Maroc, l'Espagne est sans doute le pays qui est le plus mis à mal. Il est montré du doigt comme un pays qui a « tourné le dos aux droits de l'homme ». La crédibilité du gouvernement espagnol est sérieusement entamée. La société civile et politique espagnole – très active dans son soutien à Aminatou Haïdar – parle de complicité entre Zapatero et son « ami » le roi. De son coin perdu de l'archipel canarien où elle continue sa grève au péril de sa vie, Aminatou Haïdar a réussi à mettre les Etats face à leur responsabilité historique. Les accusations contre l'Espagne et le Maroc fusent de partout. On frôle la crise diplomatique impliquant plusieurs acteurs. Le Maroc, qui a misé sur l'essoufflement de Haïdar s'est mis à dos l'opinion mondiale, « il s'est tiré une balle dans le pied ». Au bout de 32 jours d'une grève qui a failli l'emporter, Aminatou Haïdar voit son combat triompher et de fort belle manière : elle a arraché son droit de retour sans condition et le makhzen courbe l'échine. Mais la grande victoire de cette figure emblématique du peuple sahraoui est de replacer la cause sahraouie au devant de la scène internationale. Aminatou Haïdar, par son combat, vient d'administrer une leçon de résistance et de courage à l'oppresseur. Et pour consacrer son combat, elle est sélectionnée par le prestigieux quotidien espagnol El Mundo parmi les six personnalités de l'année, aux côtés du président américain Obama, de l'opposant iranien Moussavi, du président brésilien Lulla et du chef du gouvernement italien Berlusconi.