Expulsion n La militante Aminatou Haïdar, expulsée hier par les autorités marocaines vers l'archipel espagnol des Canaries, a menacé d'entamer une grève de la faim si on ne la laissait pas retourner dans cette ancienne colonie espagnole annexée en 1975 par le Maroc. Interrogée, Aminatou Haïdar qui se trouvait à l'aéroport de Lanzarote, une des îles des Canaries, a déclaré que si on l'empêchait de retourner aujourd'hui dimanche en avion vers Laâyoune, capitale du Sahara occidental, elle commencerait une grève de la faim. La militante a fait part de sa volonté de dormir à l'aéroport de Lanzarote, où elle était arrivée hier en avion après son expulsion de Laâyoune. Aminatou Haïdar s'était vu décerner le 21 octobre à New York le Civil Courage Prize (Prix du courage civique) de la Train Foundation, récompensant son engagement dans la défense des droits de l'homme pour sa «résistance pacifique au Sahara occidental», faisant d'elle la première femme arabe à avoir reçu ce prix. «Ce prix me donne le courage de poursuivre le combat non violent que je mène depuis l'âge de 23 ans», avait-elle déclaré en le recevant, ajoutant avoir été «menacée d'arrestation à son retour». La militante sahraouie âgée de 42 ans, mère de deux enfants, avait été emprisonnée par les autorités marocaines en 2005 en raison de ses activités. En 2008, elle avait été nominée pour le prix Nobel de la paix. Accompagnée de deux journalistes espagnols qui suivaient son périple, elle avait pris, aux îles Canaries, un avion pour Laâyoune où elle avait été arrêtée vendredi par les autorités marocaines. Ces dernières lui refusaient l'accès au Sahara occidental, dont la militante est originaire. Dans ses déclarations, Mme Haïdar a expliqué avoir été interrogée par douze agents de la sécurité marocaine sur la manière dont elle avait rempli la fiche d'entrée au pays. Détentrice d'un passeport marocain octroyé à sa sortie de prison en 2006 grâce, selon elle, aux interventions d'Amnesty International et du Département d'Etat américain, elle avait inscrit sur la fiche d'entrée qu'elle résidait au Sahara occidental. Un fait que les autorités marocaines ont interprété comme un déni de sa nationalité marocaine, selon une source de la sécurité marocaine. Par conséquent, elles lui ont confisqué son passeport et l'ont expulsée, hier, vers Lanzarote. Mme Haïdar, souvent appelée la «Gandhi sahraouie», fait partie des plus éminents défenseurs des droits de l'homme au Sahara occidental. Elle est reconnue pour sa campagne courageuse pour l'autodétermination du Sahara occidental occupé par le Maroc et contre les disparitions forcées et les abus commis sur les prisonniers d'opinion.