Selon des députés, le secrétaire général de l'ancien parti unique met la pression sur le président de l'APN, Mohamed Larbi Ould Khelifa pour limoger le vice-président de la Chambre basse du Parlement, Mouaâd Bouchareb, exclu du groupe parlementaire par Saadani. Le président de l'APN et son vice-président ont déjà eu un premier échange lors de la réunion, mardi, du bureau de l'Assemblée. M. Ould Khelifa a demandé à son adjoint de «ne pas assister à la rencontre en attendant de régler le litige au sein du parti». Mouaâd Bouchareb a refusé, arguant qu'il est «élu par les députés» au même titre que le président lui-même. Une source proche du président de l'instance parlementaire ajoute que Ould Khelifa songe à trouver un moyen juridique lui permettant d'exaucer le vœu du secrétaire général du parti. «Le statut du député ne prévoit pas ce cas de figure», précise-t-on du côté de l'APN. Cette loi ne prévoit pas non plus la mise à l'écart d'un député par le chef d'un parti politique. Pourtant, Saadani a exclu deux députés du groupe parlementaire de son parti, dont Mouaâd Bouchareb, élu vice-président de la Chambre basse en septembre dernier. Des députés contestataires estiment que la volonté de Saadani de mettre à l'écart le député de Sétif vise à permettre à Mohamed Djemaï, élu de Tébessa, de retrouver son poste de vice-président, perdu par les urnes devant Bouchareb. Tous ces problèmes expliquent, en effet, le mouvement de protestation organisé par un groupe de députés la semaine dernière. Selon Youcef Nahat, député de Chlef, Amar Saadani a une grande responsabilité dans la crise que vit le groupe parlementaire. «C'est lui qui a nommé le chef du groupe. C'est à lui d'assumer ses responsabilités», ajoute le parlementaire, également membre du comité central. Nouvelle protestation des députés Parmi les problèmes que vit le groupe parlementaire du FLN, Youcef Nahat cite l'incorporation, puis la promotion de députés élus sur d'autres listes que celles du FLN. «Je ne suis pas contre la venue de députés élus sur d'autres listes. Mais qu'ils soient promus rapidement, cela pose problème», dit-il. Il accuse même le chef du groupe parlementaire, Tahar Khaoua, d'utiliser des critères non définis dans le choix des députés qui représentent le parti dans des instances parlementaires internationales. «Saadani et Khaoua utilisent ainsi ces avantages pour gagner la confiance de certains députés», accuse-t-il. Pis, Youcef Nahat indique qu'en dehors de Khaoua, le groupe parlementaire «ne dispose même pas de bureau». Ce sont en somme des préoccupations déjà exprimées lors de la rencontre de la semaine dernière entre Saadani et les parlementaires de son parti. Comme seule réponse aux préoccupations des députés qui ont exprimé parfois des positions virulentes, le secrétaire général du FLN les a sommés de «régler ces problèmes entre vous». Une manière de signifier qu'il ne va pas s'en mêler, lui qui dispose de la prérogative de nommer le chef du groupe. Les députés contestataires ne comptent pas s'arrêter là. Ils vont organiser une nouvelle manifestation publique avant le 15 décembre à Alger. Ils n'ont pas encore défini la forme de cette protestation, mais ils promettent, cette fois-ci, d'afficher publiquement les noms des députés qui signeront un document contre le secrétaire général. Une manière de «mettre tout un chacun devant ses responsabilités», résume Mouad Bouchareb.