A l'exception des partenaires habituels du secteur de la solidarité, aucun responsable local, le wali à leur tête, n'a pris part à cette manifestation initiée par les établissements spécialisés de Tamanrasset et d'In Salah, sous l'égide de la direction de l'action sociale de la wilaya. «Nos responsables ne se soucient guère de cette frange aux besoins spécifiques, et encore moins de ses activités ou de ses préoccupations. Contrairement à ce que l'on constate à chaque occasion folklorique où l'on enregistre une assistance nombreuse parmi les officiels. Ce n'est pas le cas d'aujourd'hui, puisque cette journée ne serait même pas portée sur l'agenda du wali qui a vraisemblablement d'autres chats à fouetter» s'indignent un handicapé qui a décrié à tue-tête la situation de marginalisation dont il se sente victime. Indifférence Un avis partagé par nombre de personnes impotentes rencontrées à l'occasion pour se débrider et soulever les véritables problèmes dont elles souffrent au quotidien. Dépité, le président de l'association pour personnes handicapées de la wilaya, Babeker Abdelkader, a parlé du calvaire subi par les handicapés moteur qui meurent à petit feu en l'absence d'une réelle prise en charge. «L'absence d'une unité d'appareillage et de fabrication des accessoires dans la région est un sérieux problème à Tamanrasset», regrette-t-il. En effet, pour obtenir une orthèse ou encore une prothèse, «on te fait boire le calice jusqu'à la lie, notamment au niveau de la Caisse d'assurance qui ne s'est pas, semble-t-il, départie de ses traditions bureaucratiques en dépit des réformes entreprises dans le secteur. Les handicapés moteur souffrent le martyre pour se faire délivrer le document de prise en charge financière leur permettant d'avoir un appareil qui est de surcroît de mauvaise qualité», se désole Sendid Mabrouka, en brossant un tableau noir sur la situation des infirmes dans la wilaya. «Nous sommes à la merci de l'Office national d'appareillages et d'accessoires pour personnes handicapées (Onaaph) qui envoie périodiquement une équipe de techniciens pour la prise des mesures. C'est vrai que l'Etat a mis le paquet pour prendre en charge les impotents. Sauf que loin des yeux, loin des autorités», déplore-t-elle. Et d'ajouter : «En plus des brimades administratives qu'on nous fait subir, nous payons des factures salées à cause de l'incompétence des appareilleurs envoyés par l'unité de Touggourt relevant de l'Onaaph, d'une part, et d'autre part la qualité des appareils vendus sans prendre en considération la nature des reliefs à Tamanrasset. Ce qu'il faut savoir ici, c'est qu'un appareil ne peut pas résister au-delà d'une année compte tenu des terrains abrupts. Le malheur est qu'on t'oblige à rester jusqu'à 5 ans sur la braise pour ouvrir droit à un nouvel appareil.» Besoins spécifiques Même son de cloche chez Aïcha B. qui a sonné le tocsin face à cette marginalisation en disant que c'est toute sa vie qui est compromise à cause de l'indifférence des responsables de l'Onaaph. «On n'accorde aucune importance aux infirmes», a-t-elle lâché non sans signaler l'indifférence des responsables quant à la non-application des lois accordant la priorité de passage aux handicapés, particulièrement au niveau des administrations publiques et des organismes financiers (les banques, les PTT, et les bureaux de poste, etc.). «J'ai saisi toutes les autorités compétentes pour signaler mon cas. Mais à qui parler quand on ne vous comprend pas ?» maugrée-t-elle. Le problème d'accessibilité des handicapés qui se pose avec acuité dans la plupart des administrations de la wilaya bien que de nombreuses lois aient été promulguées en vue de résoudre cet écueil a été également signalé. La liste des problèmes est encore longue. Mais il faut dire que les handicapés qui ont toujours honoré les couleurs nationales sur les scènes internationales méritent plus d'égards et d'importance qu'une simple célébration occasionnelle boudée par les officiels. La police au rendez-vous A l'occasion de la célébration de cette journée, coïncidant avec le 3 décembre de chaque année, la sûreté de wilaya a organisé une campagne de sensibilisation à l'éducation routière et une compétition de kart à l'école pour enfants handicapés auditifs de Tamanrasset (EEHAT). Les enfants aux besoins spécifiques se sont imprégnés des principes de base sur l'éducation et la signalisation routière. Dans une ambiance joviale, des cadeaux symboliques ont été remis aux dix lauréats de la compétition. En présence du chef de la sûreté de wilaya, Okkache Mekkide, et de hauts cadres de cette institution de police, vingt autres enfants se sont vu offrir des cadeaux à l'occasion de cette journée, ponctuée par une série de spectacles et d'activités animées par les enfants sourds. La police aura ainsi marqué un point positif et ineffaçable via cette participation, et ce, sachant qu'aucun responsable local ne s'est rendu à cette école depuis sa mise en service, en novembre 2004, attestent les responsables et encadreurs de l'EEHAT.