A l'occasion de la Journée mondiale du handicapé, coïncidant avec le 3 décembre de chaque année, l'Association des handicapés de la wilaya de Tamanrasset lance un cri de détresse aux plus hautes autorités du pays quant aux problèmes dont souffre cette frange de la société. Dépité, le président de ladite association, Babeker Abdelkader, a fait part des difficultés rencontrées quotidiennement par les impotents dans cette wilaya du Grand-Sud, particulièrement les handicapés moteurs qui meurent à petit feu en l'absence d'une réelle prise en charge. «L'absence d'une unité d'appareillage et de fabrication des accessoires pour les personnes handicapées est un sérieux problème à Tamanrasset», regrette M. Babeker. En effet, pour obtenir une orthèse ou encore une prothèse on te fait boire le calice jusqu'à la lie, notamment au niveau «de la Caisse d'assurance qui ne s'est pas, semble-t-il, dérogée de ses traditions bureaucratiques en dépit des réformes entreprises dans le secteur. Les handicapés moteurs souffrent le martyre pour se faire délivrer le document de prise en charge financière leur permettant d'avoir un appareil qui est de surcroît de mauvaise qualité», se désole-t-il. Dans le même ordre d'idées, Sendid Mebrouka, une handicapée rencontrée, hier, lors de la cérémonie de célébration organisée conjointement par l'école des sourds et le Centre médicopédagogique pour les enfants inadaptés mentaux à la maison de jeunes Houari Boumediène de Sersouf, a brossé un tableau noir sur la situation des handicapés moteurs dans la wilaya : «Nous sommes à la merci de l'Office national d'appareillages et d'accessoires pour personnes handicapées (Onaaph) qui envoie périodiquement une équipe de techniciens pour la prise de mesures, l'essayage et la livraison d'appareils. C'est vrai que l'Etat a mis le paquet pour prendre en charge les impotents. Sauf que loin des yeux, loin des autorités», déplore-t-elle. Et d'ajouter : «En plus des brimades administratives qu'on nous fait subir, nous payons des factures salées à cause de l'incompétence des appareilleurs envoyés par l'unité de Touggourt, relevant de l'Onaaph, d'une part, et la qualité des appareils vendus sans prendre en considération la nature des reliefs à Tamanrasset, de l'autre. Ce qu'il faut savoir, ici, c'est qu'un appareil ne peut pas résister au-delà d'une année compte tenu des terrains abrupts. Le malheur est qu'on t'oblige à rester jusqu'à 5 ans sur la braise pour ouvrir droit à un nouvel appareil.» Même son de cloche chez Aziz B. qui a sonné le tocsin face à cette marginalisation en disant que c'est toute sa vie professionnelle qui est compromise à cause de l'indifférence des responsables de l'Onaaph. «On n'accorde aucune importance aux infirmes. Je ne peux pas me tenir debout à cause de cet appareil qui n'est plus valable depuis 2010. J'ai saisi toutes les autorités compétentes pour signaler mon cas. Mais à qui parler quand on ne vous comprend pas !», maugrée-t-il, signalant que le problème d'accessibilité des handicapés se pose avec acuité dans la plupart des administrations de la wilaya bien que de nombreuses lois aient été promulguées en vue de résoudre cet écueil. Le chef de l'unité de production de l'Onaaph Touggourt précise, de son côté, que «le problème de l'appareillage dans la wilaya de Tamanrasset incombe à la CNAS qui accuse un énorme retard dans la délivrance du document de prise en charge financière. Nous utilisons un matériel d'importation avec garantie. Chaque handicapé ouvre droit à un appareil chaque 5 ans quand il s'agit d'une prothèse et 2 ans pour les orthèses. Nos ateliers effectuent aussi des réparations et des rectifications à chaque fois que cela est nécessaire». Pour plus de précisions sur le problème, nous avons vainement essayé de joindre le directeur de la CNAS.