La Journée mondiale du handicapé, célébrée jeudi au camp de jeunes d'Adriane, a été l'occasion, pour les personnes aux besoins spécifiques de Tamanrasset, de sonner le tocsin des difficultés auxquelles elles sont confrontées. Mabrouka, membre d'une association locale pour la défense des droits du handicapé, a égrené un chapelet noir des problèmes qui meublent le quotidien des impotents dans cette wilaya, particulièrement des handicapés moteurs qui, s'indigne-t-elle, meurent à petit feu en l'absence d'une réelle prise en charge. À commencer par l'absence d'une unité d'appareillage et de fabrication d'accessoires pour les personnes handicapées, qui reste un sérieux problème à Tamanrasset. "Pour obtenir une orthèse ou une prothèse, on te fait boire le calice jusqu'à la lie. Les handicapés moteurs souffrent le martyre pour se faire délivrer le document de prise en charge financière leur permettant d'avoir un appareil qui, de surcroît, est de mauvaise qualité", tonne notre interlocutrice. "Nous sommes à la merci de l'Office national d'appareillages et d'accessoires pour personnes handicapées (Onaaph) qui envoie périodiquement une équipe de techniciens pour la prise de mesures, l'essayage et la livraison d'appareils. C'est vrai que l'Etat a mis les moyens pour prendre en charge cette catégorie sociale. Sauf que loin des yeux, loin des autorités", déplore-t-elle. Et de poursuivre : "Outre les brimades administratives que nous subissons, nous payons des factures salées à cause de l'incompétence des appareilleurs envoyés par les unités de l'Onaaph, d'une part, et, d'autre part, la qualité des appareils vendus sans prendre en considération la nature des reliefs à Tamanrasset. Ce qu'il faut savoir, c'est que, céans, un appareil ne peut pas résister au-delà d'une année compte tenu des terrains abrupts et de la topographie escarpée de l'Ahaggar. Le malheur est qu'on t'oblige à rester jusqu'à 5 ans sur la braise pour ouvrir droit à un nouvel appareil." Contacté par nos soins, un responsable d'une unité de production de l'Onaaph fait savoir qu'ils utilisent un matériel d'importation avec garantie. "Chaque handicapé ouvre droit à un appareil tous les cinq ans, quand il s'agit d'une prothèse, et deux ans pour les orthèses. Nos ateliers effectuent aussi des réparations et des rectifications à chaque fois que cela est nécessaire". À la direction de l'action sociale de Tamanrasset, on affirme avoir engagé une équipe pluridisciplinaire sur le terrain afin de recenser dans les 10 communes de la wilaya toutes les personnes aux besoins spécifiques ainsi que leurs problèmes dans le but de les prendre en charge. Notons qu'au titre de l'année 2015, une enveloppe financière de plus de 32 millions de dinars a été consacrée à la prise en charge des handicapés à 100%. Les statistiques montrent qu'à cette période, 1 540 personnes, dont 1 281 femmes, ont bénéficié d'une pension mensuelle pour laquelle un crédit total de 55,44 millions de dinars a été alloué. 782 autres ont été déclarés à la sécurité sociale, ajoute-t-on de même source. Le nombre des infirmes recensés dans cette wilaya s'élève à 2 407, dont 845 handicapés moteurs, 844 inadaptés mentaux, 275 aveugles et 287 sourds muets, indique-t-on à la Dass. Cependant, beaucoup reste à faire pour mettre en évidence les capacités et les aptitudes de cette frange qui mène un combat quotidien pour se frayer une place au sein de la société. R. K.