Les secteurs de l'Education nationale, la Formation professionnelle, la Santé et l'Enseignement supérieur ne sont pas concernés par les restrictions dans le recrutement dans le secteur de la fonction publique». Mieux, les recrutements dans le secteur économique se poursuivront normalement et devraient, au contraire, connaître un bond de 15% en 2015, nous a-t-on assuré à l'Anem. Ainsi, quelque 500 000 placements sont prévus pour être atteints d'ici à la fin de l'année en cours, soit 150 000 de plus que les 350 000 réalisés en 2014. Un haut responsable de l'Agence nationale de l'emploi nous apprendra que sur les plus de 350 000 jeunes demandeurs d'emploi placés à fin décembre 2014, 42 000 ont bénéficié de la formule de contrat de travail aidé (CTA). 70% de ces emplois ont été créés dans le secteur économique, et 30% dans le secteur administratif. S'agissant du stock des demandes d'emplois disponibles, notre source le situera à hauteur de plus de 1,2 million dont plus de 365 000 sont universitaires (soit 30% de la demande globale), plus de 410 000 (soit 34% de la demande globale) ont un niveau d'études moyen, et plus de 250 000 ont un niveau secondaire. La part des demandeurs sans niveau d'instruction pèse, quant à elle, 7% de la demande globale. Autres chiffres, autres enseignements : 76% des demandeurs ont moins de 35 ans, 28% ont moins de 24 ans, 72% sont des hommes et seulement 19% sont issus de la formation professionnelle. Au regard de toutes ces données ainsi que du profil des demandeurs d'emploi, se pose la question de l'efficacité des politiques pour l'emploi des jeunes dans notre pays. Rapportée à ses résultats, cette politique montre encore une fois qu'en matière d'emploi, le discours politique est un discours où l'illusion est toujours présente et domine la perception de la réalité. Cette réalité que nos gouvernants se sont attelés, des années durant, à dissimuler en mettant, à chaque fois, en avant l'atout de l'aisance financière dont jouit le pays. Le dysfonctionnement du marché national du travail, les chiffres de l'Anem l'ont illustré à l'envi. Car, à en croire les experts du Projet d'appui au secteur de l'emploi en Algérie (PASEA), mis en œuvre par l'Anem en juin 2012, dans le cadre d'une coopération algéro-européenne, les débouchés existent, mais le manque de coordination communicationnelle entre les différents intervenants sur ce marché limite la visibilité de tout un chacun. D'où la mise au point, puis le déploiement par l'Unité d'appui au projet (UAP) de Systèmes d'informations (SI) «modernes» et «performants» au niveau des structures de l'administration du ministère du Travail, de l'emploi et de la sécurité sociale (MTESS) ainsi qu'à travers les 7 directions centrales, 11 directions régionales, 48 Agences de wilaya et 210 agences locales, constituant le réseau de l'ANEM. «A fin mars 2016, date de clôture du PASEA, l'ANEM aura aligné ses Systèmes d'informations aux standards européens. Nous sommes à pied d'œuvre pour mettre en place des SI capables de renseigner de manière précise, régulière et fiable sur les fluctuations du marché de l'emploi et de la main-d'œuvre. Aussi, les équipes du PASEA sont mobilisées pour doter les structures du ministère de tutelle d'outils et d'instruments susceptibles de les aider à développer la fonction d'observation du marché de l'emploi», nous explique Larbi Bendifallah, expert en SI auprès de l'UE et chef de l'Unité d'appui au PASEA dont le coût s'élève à 15,3 millions d'euros, 1,24 million d'euros à la charge de l'Anem. L'objectif majeur que se sont assignés les deux parties, nous explique un directeur central de cette dernière institution, étant la mise à niveau des SI existants aux fins de remédier aux faiblesses du dispositif de communication et de gestion de l'information au sein des réseaux d'agences Anem. Le nouveau SI sera lancé à titre d'essai, d'ici quelques jours, à travers trois agences locales pilotes : Zéralda, Rouiba et Aïn Naâdja avant d'être étendu, au réseau Anem de la wilaya de Blida. Quant au reste des Agences présentes sur tout le territoire national, la connexion au nouveau SI se fera progressivement. «Le déploiement du nouveau SI à travers l'ensemble du réseau Anem dépend surtout d'Algérie Télécom qui est appelée à installer la fibre optique nécessaire», précise notre interlocuteur de l'Anem. Servir de base en vue d'instaurer le même langage descriptif de l'emploi auprès des différents acteurs du marché de l'emploi et de la main-d'œuvre ; MTESS, employeurs, demandeurs d'emploi, conseillers de l'ANEM, Office national des statistiques (ONS) est, par ailleurs, ce qui est recherché à travers l'élaboration récente de la Nomenclature algérienne des métiers et emplois (NAME). «La NAME est un référentiel susceptible d'aider à identifier les besoins en formation, de définir des profils d'offres et de demandes d'emploi, d'élargir les champs de pistes de professionnels accessibles aux personnes confrontées à une mobilité professionnelle», explique M Bendifallah. Inspiré du modèle français, Référentiel opérationnel des métiers et emplois (ROME), ce nouvel instrument est le fruit d'une convention conclue entre l'ANEM et son homologue Pôle-emploi. Finalisée en mai 2014, la NAME où ont été, dans un premier temps, répertoriés quelque 3000 emplois, devrait être consultable dans les tout prochains jours. Outre les jeunes diplômés ne trouvant pas d'annonce correspondant à leur profil, les Organismes privés agréés de placement (OPAP) seront, également, parmi ceux à pouvoir en profiter. Bien qu'ils soient peu nombreux, une vingtaine (1 OPAP/wilaya), mais aussi très peu connus des chercheurs d'emploi, ces OPAP commencent à s'attirer une reconnaissance nationale, d'autant qu'ils ont à leur actif quelque 8237 placements en 2014.