La tenue du Forum de Crans Montana à Dakhla, ville sahraouie occupée, est une violation du droit international», a accusé le chef de la diplomatie de la RASD, Mohamed Salem Ould Salek, hier à Alger lors d'une conférence de presse. En invitant le Forum économique à tenir sa prochaine session — 12, 13 et 14 mars prochain — dans la ville de Dakhla, le Maroc «cherche à légitimer son occupation. Une autre manœuvre pour imposer le fait accompli colonial», a encore dénoncé le chef de la diplomatie sahrouie. Le maroc cherche à légitimer la colonisation «Le Maroc est libre d'organiser ce forum à Rabat ou à Casablanca, mais pas à Dakhla, nous n'accepterons jamais cela», a fait savoir M. Ould Salek.Le ministre sahraoui s'est réjoui, par ailleurs, de la position de l'Union africaine qui appelle au boycott de ce forum. Pour rappel, l'Union africaine a convié lors de son sommet, tenu la semaine en cours, les Etats membres à ne pas participer au forum. «Nous, chefs d'Etat et de gouvernement de l'Union africaine lançons un appel aux Etats membres de l'UA, à la société civile et à toutes les organisations pour qu'ils ne participent pas à ce forum prévu dans la ville occupée de Dakhla», a fait savoir l'organisation africaine. L'Union africaine a, par la même occasion, saisi officiellement l'organisateur suisse l'invitant à «annuler cette manifestation qui viole le droit international et qui peut provoquer des affrontements entre les deux parties en conflit avec le risque d'impacter négativement les efforts de la paix menés par l'ONU et l'Union africaine». Les pays africains amis de la République sahraoui démocratique se sont engager à organiser plusieurs manifestations dans les territoires sahraouis libérés pour contrecarrer l'initiative marocaine. Le ministre sahraoui qui est revenu justement du sommet de l'UA, a profité de son passage à Alger pour déclarer qu'il «est temps que la communauté internationale applique la légalité internationale et fasse appliquer les résolutions de l'ONU concernant le conflit sahraoui», a interpellé le responsable de la RASD. Il a également insisté sur l'urgence de la tenue d'un référendum d'autodétermination. «Le peuple et le gouvernement sahraouis attendaient de l'envoyé personnel du secrétaire général de l'ONU pour le Sahara occidental, Christopher Ross, et du Conseil de sécurité d'accélérer l'organisation d'un référendum d'autodétermination au Sahara occidental en toute transparence, liberté et démocratie et en fixant une échéance pour la tenue du référendum d'autodétermination», a indiqué Ould Salek. Et c'est en ce sens que Mohamed Salem Ould Salek a rappelé la responsabilité historique et administrative de l'Espagne, mais également celle de la France en tant que «grand pays» qui pèse sur le dossier sahraoui. «La France est appelée, en tant que grand pays, à jouer un rôle positif et constructif allant dans le règlement du conflit sahraoui. S'aligner sur la politique d'agression marocaine est contraire aux intérêts stratégiques du Maghreb et aussi à ceux de la France», a reproché le dirigeant sahraoui. Le statu quo dans lequel est maintenu le dossier sahraoui depuis au moins le cessez-le-feu en 1991 «a atteint ses limites», a tancé Ould Salek. Dernière colonie d'Afrique, le Sahara occidental est sous occupation marocaine depuis 1975. Le Front Polisario, qui a libéré le pays de l'occupant espagnol, a continué la lutte armée pour l'indépendance jusqu'à ce que le Maroc de Hassan II soit contraint à accepter un cessez-le-feu qui devait conduire à un référendum d'autodétermination. Une promesse vite remise en cause par la partie marocaine qui, depuis, s'oppose à toute solution juste et durable.