– «Constantine, capitale de la culture arabe», en quelques mots de quoi s'agit-il ? Constantine, capitale de la culture arabe est un très grand événement que la wilaya de Constantine va accueillir au mois d'avril, et ce, pendant un an. Il s'agit d'une manifestation grandiose, à la fois arabe et internationale. On vient d'ailleurs de recevoir la demande de participation du 22e pays non arabe. – Des retards ont été accumulés ; quels sont les projets qui ne vont pas aboutir ou qui ne seront pas remis dans les temps fixés ? Sur près de 83 projets inscrits, seuls dix seront prêts. A titre d'exemple, et suite à quelques problèmes contractuels, il faudra attendre peut-être septembre pour voir un très grand pavillon de plus de 20 000 m², situé dans le plateau de Aïn El Bey, à une dizaine de mètres de la grande salle du Zenith. Même chose pour le musée des arts modernes qui ne sera livré qu'à partir d'octobre, et la grande bibliothèque de Constantine qui ne sera pas prête non plus. Pour cette dernière, je ne peux même pas avancer une date exacte pour sa remise, car quand le travail de fouille a commencé, des traces de civilisation romaine ont été découvertes, ce qui a empêché le projet de démarrer. Ajoutez à cela les projets de réhabilitation du vieux bâti qui seront aussi en retard. Prenez l'hôtel Cirta : à la base, il était prévu que l'hôtel ne subisse qu'une opération de restauration, mais les professionnels se sont rendu compte que cet hôtel nécessite un confortement, car les fondations sont ébranlées. Il sera donc sûrement remis vers septembre ou octobre. Par ailleurs, il faut savoir que les espaces à restaurer sont occupés par des familles, des commerçants ou des artisans qui ne se sont pas montrés très coopératifs lors du lancement des travaux, malgré la proposition de compensations financières. Je ne vous cache pas que les travaux se font dans une certaine hostilité, car les gens ne participent pas. A titre d'exemple, quand il a fallu repeindre les façades de bâtiments, certains locataires ont refusé que les peintres passent par leurs balcons et ont donc enlevé l'échafaudage. Mais nous continuerons les travaux et les invités pourront aller visiter ces chantiers pour comprendre l'opération de rénovation qui nécessite une certaine technicité. Certains chantiers feront donc partie de l'itinéraire des visites que nous offrirons aux délégations conviées. – Et quels sont les projets qui seront livrés à temps ? Le centre des arts, situé en plein centre-ville. Ce très grand bâtiment, qui abritait à l'époque les services de la wilaya de Constantine, sera transformé en Centre des arts où se trouvera un institut régional de formation en musique. Il y aura aussi le siège de l'orchestre régional de Constantine, la Maison des arts et la Maison de l'astronomie. Ce sera un véritable centre qui va constituer un espace de rayonnement culturel et scientifique, puisque nous avons même associé des clubs scientifiques avec nous. Par ailleurs, et étant donné qu'ils n'ont pas fait l'objet de grands travaux mais seulement de travaux de rénovation, de restauration et d'équipement, trois espaces seront au rendez-vous : les deux centres culturels Al Khalifa et Malek Haddad, ainsi que le théâtre régional. L'hôtel Panoramic, qui fait l'objet de travaux de réhabilitation, devrait aussi être prêt dans les délais fixés. – Concrètement, Constantine est-elle prête pour cet événement ? Je peux vous dire oui. Notre mission est de mobiliser la société civile autour de cet événement qui ne sera rien sans les Constantinois et je peux vous dire que nous avons déjà commencé à travailler avec la population. Le commissariat a d'ailleurs organisé un certain nombre d'activités pour établir un contact avec le mouvement associatif, les associations de jeunes et des associations sociales. Nous avons aussi plusieurs partenaires à nos côtés qui commencent à se mobiliser autour de l'événement. Je peux citer l'université et la direction de l'éducation et la direction de la jeunesse et des sports. Il y a aussi les scouts et les pompiers avec qui nous sommes liés avec des conventions. Tous ces partenaires sont engagés avec nous pour faire de Constantine l'endroit où il faut être durant une année. Et je crois que leur travail commence déjà à aboutir car si cela a été difficile au début, les Constantinois adhèrent maintenant à cet événement. Pour preuve, ces derniers temps il y a même des civils qui viennent de manière spontanée nous offrir leur aide. – Selon le wali de Constantine, cet événement ne se limitera pas uniquement à la wilaya de Constantine, mais concernera aussi d'autres wilayas de l'Est algérien. Lesquelles ? Sellal a insisté pour que l'on fasse bénéficier les wilayas environnantes de cette manifestation. Nous comptons faire transiter la plupart des groupes et artistes par plusieurs wilayas, à savoir Skikda, Mila, Batna, Oum El Boughi, Sétif, Jijel, Annaba… Si on reçoit de grands chanteurs comme Ragheb Allama ou Najwa Karam pour chanter à Constantine, on ne les reçoit pas pour une seule soirée, on les fait passer par au moins deux wilayas avant leur départ. Cette décision concerne aussi les pièces théâtrales, les films et les spectacles folkloriques. Nous ferons bénéficier le public algérois de certaines grandes visites et prestations exceptionnelles. – Quels sont les pays arabes et étrangers conviés ? Tous les membres de la Ligue arabe seront présents ! Le président du Haut-Conseil de la langue arabe est en ce moment en tournée dans les pays arabes pour remettre officiellement les invitations. A côté de cela, nous avons la confirmation de 22 pays non arabes qui vont participer, comme les Etats-Unis, l'Inde, la Russie, la Bulgarie, le Venezuela, l'Indonésie ainsi que tous les pays de l'Union européenne. L'UE sera présente aussi en tant qu'organisation à travers «Regards croisés», une exposition photographique de 22 artistes photographes dont la moitié sont des Algériens. Chaque pays a fait ses propositions de concerts, spectacles, orchestre symphonique… – Suite à la polémique qu'a suscitée le logo, la ministre de la Culture a ordonné de le refaire. Le nouveau est-il prêt ? Ce sont juste des rumeurs, car le logo n'a pas changé et ne va pas changer. Ce qui me désole le plus, c'est qu'on ait accusé l'agence de plagiat. Il faut savoir que le logo a été vérifié par une commission d'experts et des enseignants d'arts visuels et personne n'a vu un plagiat dessus. Le «k» est une lettre de l'alphabet et l'alphabet n'appartient à personne. Cette lettre a été utilisée par cinq pays dont la Tunisie et le Qatar. Après avoir lancé un appel à participation, on a reçu plus de 120 propositions, dont 69 de Constantinois. Sans oublier qu'il y a eu un jury composé de six personnes dont des enseignants et le directeur de l'Ecole des beaux-arts, Khoudja M. Allalouche, un des précurseurs de l'art plastique à Constantine et le directeur du MAMA, M. Djehiche. Tous les membres se sont mis d'accord sur ce choix, car c'est le plus beau et le plus différent des projets proposés. La première fois que je l'ai vu, j'ai demandé : «C'est tout ce que vous avez trouvé ?» Mais quand j'ai vu les propositions, j'ai compris le choix, et personnellement je commence à l'aimer. Quelles sont les six régions d'Algérie qui vont participer à la parade du lancement ? Il y aura Tlemcen, Alger, la grande Kabylie, le Sud, l'Oranie (Oran, Mostaganem jusqu'à Béchar et la Saoura) et bien évidemment Constantine. Votre coup de cœur… Mon coup de cœur, c'est la cérémonie d'ouverture où il va y avoir de la très bonne musique constantinoise et où l'histoire de la ville sera racontée à travers ses couleurs, ses odeurs, ses mosquées, ses intrigues…