Les dégradations qu'a subies la forêt à cause de ce bidonville sont visibles sur les arbres, dont les branches et les troncs portent les stigmates d'une décrépitude poignante. Cette forêt a été aménagée une première fois durant les années 1980. Une buvette et un mur de clôture y ont été construits. Au fil des années, le mur a subi des dégradations, avant d'être reconstruit dans le cadre du projet de la ligne du tramway. Toutefois, le mur n'a pas protégé le bois du délabrement. Il en a seulement caché les effets d'un squat avilissant. A l'intérieur de cette forêt, les baraques faites de parpaing et de tôle ondulée occupent le sommet de la côte. Elles ne sont visibles que partiellement. Les branches des arbres laissent paraître seulement les toitures. Loin des regards indiscrets, les occupants y vivent dans des conditions piteuses. L'humidité et le manque d'ensoleillement ont eu raison de leur santé, notamment celle de leurs enfants. D'après un élu de l'Assemblée, cette situation a été héritée de la décennie noire. Pour fuir l'insécurité qui régnait en ce temps-là, des familles entières se sont installées dans ce bois proche du chef-lieu de la commune. «Les occupants du bidonville ont été recensés par les services de l'APC. La question de leur relogement relève de la wilaya», confie l'élu. Le cas de la forêt de Ben Mered n'est cependant pas unique, d'autres bois de la capitale sont également occupés par les bidonvilles, à l'instar des forêts d'Ouled Mendil, Oued Ouchayeh, ou encore les Palmiers. Le nombre total de ces occupants est estimé à plus de 400 familles. Ces dernières seront relogées, apprend-on auprès du conservateur des forêts, dans le cadre des opérations de relogement lancées par la wilaya. Ces familles, qui attendent leur relogement depuis des années, nourrissent un espoir qui leur sera salutaire. Dans le même ordre d'idées, des forêts qui ne sont pourtant pas occupées par les bidonvilles subissent de plein fouet la dégradation de l'homme. A Bousaqloul, dans la commune de Aïn Taya, une petite forêt comptant nombre d'aménagements dont une clôture se trouve complètement délaissée. Des pans entiers de la clôture faite en fer forgé ont été arrachés par des récupérateurs de matériaux ferreux et vendus au kilo. Outre ce problème, le bois est envahi par les détritus et la saleté. Des sacs et des bouteilles en plastique ainsi que des canettes de bière jonchent les allées de la forêt, qui est devenue entre-temps un lieu de débauche et de consommation de drogue. Les éléments de la Gendarmerie nationale ont découvert même une petite plantation de cannabis. Ce constat atterrant devrait inciter les pouvoirs publics à porter plus d'intérêt à ces forêts, car il s'agit du poumon de la capitale.