A cause de ses implications jugées anticolonialistes, sa seconde librairie a fait l'objet de deux plasticages par l'OAS. Le centenaire de la naissance d'Edmond Charlot n'est pas passé inaperçu. Une commémoration lui a été consacrée jeudi dernier à l'institut français de Constantine ; une date qui fait partie d'un large calendrier de célébrations. Le public a eu droit à une projection d'un film documentaire «Edmond Charlot, éditeur algérois» de Michel Veuillermet (réalisé en 2005, un an après le décès de Charlot), suivi d'un débat sur le parcours de cette figure culturelle, animé par Guy Dugas, Yahia Belaskri écrivain et journaliste algérien et Hamid Nacer Khodja, universitaire algérien. Edmond Charlot «l'homme livre», c'est ainsi que l'a qualifié Guy Dugas, professeur chercheur de l'institut de recherches intersites d'études culturelles à l'université Montpellier III. Cet acteur culturel engagé, est le créateur en 1936 d'une maison d'édition et librairie à la fois baptisée «les Vraies Richesses» située au 2 bis, rue Charras, Alger. Il a publié ce qu'on appelle «l'école d'Alger» qui comptait Emmanuel Roblès, Gabriel Audisio, Jule Roy, Max-Pol Fouchet, Albert Camus et tant d'autres, c'est l'éditeur de «Chants berbères de Kabylie» de Jean Amrouche, premier algérien à être édité par la maison. C'est le maillon qui a permis de passer d'une littérature colonialiste à la littérature maghrébine de langue française. «C'est le lignage entre la littérature algérienne d'aujourd'hui et cette littérature des années 1940-1950-1960», explique Arezki Metref dans le film projeté. Edmond Charlot c'est aussi un homme de radio et un galeriste ami des peintres algériens ; il a été le premier à promouvoir un certain nombre de plasticiens, «Il va accueillir tous les peintres en rupture avec l'orientalisme, et c'est lui qui a fait connaitre l'art abstrait aux algérois», a expliqué Hamid Nacer Khodja lors du débat. En 1961, il organisa l'exposition du peintre algérien Hacen Benaboura (grand prix artistique de l'Algérie 1957). Edmond charlot cette figure emblématique mérite d'être plus connue. «Nous espérons qu'ici ce n'est que le prélude à des manifestations plus larges pourquoi pas au mois de novembre à l'occasion du SILA». Tel était le souhait des participants à la table ronde. «Je crois que c'est important de parler d'Edmond Charlot aux jeunes générations pour qu'ils comprennent qu'il y a eu quelque chose qui a précédé, même si c'était pendant le colonialisme» a confié Belaskri à la clôture de cette rencontre, cette jeune génération qui a été, malheureusement le plus grand absent de la soirée!.